Hier, pour notre dernier samedi soir à Paris avant le Japon, on a décidé de se mettre dans le bain. Quoi de mieux qu'une soirée intitulée "Voyage au Japon" pour préparer son voyage au Japon ? La soirée était organisée par Jipango, qui est une association franco-japonaise réalisant sur Paris toutes sortes d'activités en rapport avec le Japon et éditant une petite revue, distribuée dans les restaurants japonais ou les centres culturels. Le thème de la soirée était la découverte de la cuisine d'Okinawa.
Okinawa n'est pas toujours bien localisable sur les cartes du Japon car située très très au Sud : il s'agit de la principale île de l'archipel des Ryukyu, situé entre le Japon et Taïwan, au bord de l'océan Pacifique et de la mer de Chine orientale. Le climat y est subtropical, ce qui doit être bien agréable en hiver où la température ne descend pas en-dessous de 10° C et où les cerisiers fleurissent dès janvier.
Okinawa n'est pas seulement géographiquement à part du Japon. Elle a été également intégrée tardivement à l'empire nippon. En effet, jusqu'à la période Meiji (donc milieu du XIXe siècle), Okinawa était un pays indépendant, vivant assez richement du commerce avec la Chine. Durant la Seconde Guerre Mondiale, la bataille d'Okinawa, en 1945, menée contre les Etats-Unis, fit 230 000 morts du côté Japonais, et fut suivie par une occupation américaine qui dura jusqu'au début des années 1970 et qui abrite encore aujourd'hui une base militaire (pour en savoir plus sur Okinawa, voir Wikipédia ou ce site pour de jolies photos).
Bref, Okinawa n'est pas tout à fait le Japon profond. C'est par le biais de sa cuisine que nous avons fait connaissance avec cette région. L'association Jipango avait déniché un jeune chef d'Okinawa, Ryotaro Gushi, en France depuis quelques mois. La cuisine d'Okinawa est réputée pour être une des cuisines les plus saines au monde. L'île détient le record de longévité et on dit qu'il y a là-bas trois fois plus de centenaires qu'en France.
Nous étions conviés chez Hiroko, dans un magnifique loft parisien joliment décoré, qui bénéficie d'une cuisine ouverte, parfaite pour observer la réalisation des plats. Maître Moun a revêtu son grand tablier de cuisinier. Mais curieusement, il s'est senti un peu timide face au "vrai" chef et donc est resté plutôt discret. Faut dire qu'avec un tablier comme ça, pas facile de passer inaperçu !
Le premier plat dont nous avons pu observer la confection était le Goya Champuru, plat typique d'Okinawa. "Champuru" signifie "mélange" et il s'agit en effet de mélanger les ingrédients suivants :
Vous trouvez de quoi il s'agit ? L'orange, ce sont des carottes, bien sûr ; les cubes blancs, du tofu ; les bouts roses, de la poitrine du porc. Et le vert ? Un zoom pour mieux observer ce met particulier :
A mon avis, amis lecteurs occidentaux, vous n'en avez encore jamais goûté ! Les organisateurs ont dû faire tout Paris pour en chercher et n'en ont trouvé que dans une épicerie indienne du Faubourg Saint-Denis. Il s'agit d'un légume appelé goya (ou niga-uri). C'est une sorte de concombre archi amer. Cru, je ne peux pas dire que ce soit succulent (c'est une litote...), tant l'amertume est prononcée. Mais, revenu à la poêle, avec les autres ingrédients ainsi que des œufs, le fort goût est atténué. Enfin, j'imagine... car à vrai dire, c'était un peu la foire d'empoigne et du coup on s'est laissé un peu surprendre par les convives affamés qui n'en ont pas laissé une miette (on se contentera de regarder la photo du plat achevé ici) !
Heureusement, on a pu se rattraper sur le plat au riz, préparé par le chef : le Takikomi Gohan, confectionné avec un champignon typique japonais, le shiitaké, ainsi que des lamelles de porc et des carottes émincées (la recette retrouvée ici). C'était vraiment bon et ça a plu à nos estomacs ! C'était accompagné d'une salade à la sauce délicieuse. Cette salade Amaebi était agrémentée de crevettes spéciales (du nom de Amaebi), introuvables en France, sauf par le biais d'un importateur qui est venu nous parler brièvement des poissons et des fruits de mer qu'il fait venir de l'autre bout du monde.
Le plat principal était un plat plus connu : des tempura. Il s'agit de beignets qui ont l'avantage d'être très peu gras. Ils sont réalisés dans une pâte à base de farine, de jaunes d'œuf et d'eau. Là, ils entouraient du goya, des haricots verts ou encore des patates douces. Mais on peut mettre aussi dans les tempura des fruits de mer ou bien des tranches du porc. A chacun d'imaginer ce qui lui plaît. Le tout est de réussir à bien saisir la friture.
En dessert, nous avons eu le droit de goûter des beignets typiques d'Okinawa :
Mais on n'a pas trop suivi la confection de la recette, car on était occupé ailleurs ! En effet, la soirée était ponctuée par de petites conférences. Nous avons ainsi écouté le récit d'un amateur d'oiseaux nippons, Olivier Prou. Ce jeune preneur de sons est parti trois ans et demi au Japon pour enregistrer des chants d'oiseaux, dans tout l'archipel. Expérience extra-ordinaire, n'est-ce pas ? J'ai failli ramener un CD pour Mina le ninja, mais bon, je me suis dit qu'étant donné que la vue d'un pigeon la rend hors d'elle, ce serait trop cruel quand même !
La soirée s'est terminée par une tombola. On n'a pas gagné le vol d'avion au Japon, mais on est revenu avec deux bouquins - l'un sur la photographie japonaise en 1945-1975 pour l'apprenti photographe qu'est Maître Moun, et l'autre sur les onomatopées de la langue japonaise.
Et puis surtout, cette soirée nous a permis de rencontrer quelques Japonais vivant à Paris et d'autres amateurs du Japon avec qui nous avons parlé voyage... A quand la prochaine soirée ?
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