samedi 27 novembre 2010

Un peu de lecture !

Hello les gens !
Je ne sais pas s'il y a encore du monde par ici ??? Non, non, les Moun ne sont pas morts. Ils sont juste un petit peu beaucoup surbookés ! En plus, comme une partie du couple Moun est interdit de sushis et que l'autre partie en mange en cachette à l'occasion (bouh, aucune solidarité !), ils ont un peu moins l'occasion de venir ici écrire sur leurs découvertes nippo-culinaires.
Malgré cette période de diette, je me dois quand même de revenir pour vous faire un petit peu de pub ! Si vous êtes en manque de lecture, si vous aimez les belles images, si vous êtes fan du Japon et de la Corée et si vous êtes ou vous avez un (grand ou petit) enfant, je vous conseille deux livres.

Le premier est japonais et est édité chez la toute jeune maison d'édition Nobi-Nobi. L'histoire parle d'amitié, d'écologie, de kamis et d'un grand cerisier en fleurs et les (magnifiques) illustrations sont d'une jeune chinoise nommée Nancy Zhang. Cela s'appelle L'oiseau rouge et bien sûr, il y a un oiseau (rouge) qui vole entre les pages.

Le second est coréen et est édité chez la toute vieille maison d'édition Flammarion, sous le label Chan-ok. L'histoire parle d'amour, d'une tisserande et d'un bouvier, et les (sublimes) illustrations sont du coréen Kim Dong-seong. Cela s'appelle Les étoiles amoureuses et on y trouve des étoiles qui illuminent les pages.

Les livres sont en vente dans toutes les (bonnes) librairies en dur ou en ligne. Si vous souhaitez une dédicace de l'auteur, on devrait pouvoir s'arranger. Faites-nous signe... ou venez user vos bottes sur le salon de Montreuil le week-end prochain !

PS : non, non, ce billet n'a pas été sponsorisé !


mardi 24 août 2010

Ace Bento

On connaissait Acemart, la petite épicerie coréenne de la rue Sainte-Anne dans laquelle Maître Moun se ravitaille bien souvent. Il y a maintenant, quelques rues plus loin, rue Thérèse, Ace Bento, petite cantine/traiteur de bouffe coréenne. La déco est pop acidulée, très mode ; les serveurs sympas et les plateaux-repas aux prix défiant toute concurrence (8 euros, le prix d’un ticket restau). Pour 8 euros, on a le droit à cinq petites entrées typiques des pan’chan (salade d’algues, édamamé, kimchi, soja, etc.), un plat principal (bœuf oignon, bibimbap, poulet teriyaki…), une portion de riz, une soupe miso et en bonus une petite salade de fruit. Le tout est servi dans un petit plateau, comme à la cantine, et est à déguster sur des chaises hautes ou à emporter.

Cela donne donc ça :

Ou ça :

Bon, mes gyosa étaient réchauffées (donc croquantes), ce qui n’est pas top… mais pour le prix et le service (rapide), on ne va pas se plaindre. Si mes maîtres bossaient à côté, ce serait leur adresse de prédilection !

  • Plus de photos ici

Ace Bento
18 rue Thérèse
75001 Paris
01 47 03 94 38

mardi 27 juillet 2010

Le temps des barbecues

Les Moun se sont achetés un barbecue coréen. Du coup, plus besoin d'aller au restau : le restau coréen se déplace à la maison ! C'est bon, facile à préparer et ça sent même pas la grillade dans toute la maison. Que demander de plus !
Le seul inconvénient, c'est qu'il faut traverser Paris pour acheter la viande. On n'a pas encore osé demander à notre boucher de nous couper des tranches de boeuf de 2 mm d'épaisseur !
Et quand on déguste, attention, le tigre veille au grain...

mercredi 12 mai 2010

Chasseurs de photos choc

Voici une série de photos que ma maîtresse rêvait de faire depuis longtemps : la série "Paddy à New York" !
Alors, voilà, "Paddy devant le pont de Brooklyn" :... et "Paddy devant Central Park" :And last, but not least, comme disent les Amerlocks, "Paddy devant Lady Liberty" :
Rendons hommage à la petite main qui me tient (malgré le photographe qui lui dit en râlant "il est pas dans le champ ton sale mouton !") et qui, sur la planète entière, n'a pas peur de se couvrir de ridicule pour ramener ces photos d'un intérêt... euh, disons, "particulier".

Sinon, pour ma collection, après Métro dans le métro coréen :Métro devant le métro new-yorkais :
(toujours avec les petites mains)

D'où seront pris les prochains clichés ? Les Moun se le demandent (mais ont hâte de repartir) !



samedi 8 mai 2010

Entre le ciel et la terre

Aujourd'hui, j'ai vu une cathédrale néogothique perdue au milieu des gratte-ciel...
... j'ai contemplé le ciel étoilé avec Vincent...
... j'ai eu la tête qui tourne en regardant depuis le sol l'immense Empire State Building...

... et j'ai eu le vertige en observant la ville depuis le ciel (ou presque)...
... j'ai dit bonjour à une dame libre qui me faisait signe sous le soleil couchant...Aujourd'hui, j'ai aimé New York et je me suis acheté le tee-shirt témoignant de ma déclaration d'amour.

vendredi 7 mai 2010

Un mouton dans une grosse pomme

Bon, les gars, vous n'avez pas été très nombreux à jouer à ma devinette ! Je pourrais continuer à vous mettre sur de mauvaises pistes en vous envoyant des photos comme celle ci-dessous et vous faire croire qu'on est quelque part entre Israël et une Europe de l'Est d'un autre temps...
Mais non, j'arrête les devinettes ! Voilà, je suis ici :
A New York !!
Oui, je sais, j'ai énormément de chance ! Je n'en reviens pas moi-même à vrai dire ! (Je suis obligé de me pincer tous les matins.) C'est que j'ai perpétuellement l'impression de vivre depuis trois jours dans un film. Sensation magique...
Aujourd'hui, j'ai joué dans "Un mouton à Brooklyn". J'ai marché sur le pont de Brooklyn..... et j'ai contemplé les tours de Manhattan.Et puis aussi : j'ai bu un chocolat chaud dans un gobelet Starbuck Café en marchant dans la rue, caressé un écureuil du parc du City Hall, regardé les vestiges du WTC, pris le métro sans me perdre, mangé un hamburger dans un café qui ressemblait à celui de Friends, écouté un concert de jazz dans un club de Greenwich Village...

Et je ne vous parle même pas d'hier où j'ai vu des Matisse et des Van Gogh, marché dans la 5e avenue, pique-niqué dans Central Park, pris un cocktail en haut d'une tour dans un bar tournant (oui, un bar qui tourne sur lui-même !), remonté Broadway depuis Time Square sous les néonts...
Je vis dans un film, vous dis-je !


mercredi 5 mai 2010

Devinette

Oyez, oyez les gens !
Aujourd'hui, devinette : devinez d'où je vous écris !!
Un premier indice dans une première photo :
Mais je suis très vache, car il y a dans cette photo un piège gros comme une maison (ou plutôt comme un building) !
Alors je vous envoie une deuxième photo pour vous mettre sur la piste (mais là aussi sachez lire les bons indices !) :

J'ai plein d'autres photos à vous montrer... et des photos à couper le souffle, je vous promets ! Mais je vous laisse deviner d'abord ! (Et puis surtout je me remets du décalage horaire !)

See you soon !

lundi 19 avril 2010

Hanami 2010

Après le repérage de dimanche dernier, nous étions sur les starting blocks pour faire notre « vrai » hanami sous les cerisiers en fleurs du parc de Sceaux !

Samedi midi, petite répétition pour vérifier le matériel et notamment ressortir du fond du placard les bento ramenés de Corée :


… et pour baptiser la grande boite bento achetée il y a quelques semaines dans une boutique parisienne de vente en gros d’ustensiles de cuisine asiatique (métro Stalingrad pour ceux que ça intéresse).

Les bento de samedi inauguraient un repas français, réalisé avec les restes du frigo (quiche maison, jambon, riz japonais, salade, fraises et raisins en dessert). Mais dimanche midi, Maître Moun a voulu faire les choses dans les règles de l’art ! Après une matinée passée en cuisine, les Moun ont ressorti rollers et vélo. Les bento faisaient juste la dimension du porte-bagage… si ce n’est pas un signe, ça !


Voici donc notre pique-nique d’hanami : … et en gros-plan :

Tempura de crevette, « inari » à la sauce Moun (voir recette ici), jambon italien (histoire d’avoir une petite touche européenne quand même), salade composée avec les emporte-pièces ramenés du Japon (avec un œuf « cœur », must du romantisme !), tsukemono (les pickles asiatiques), et fraises, kiwis et pommes en dessert.

C’était aussi esthétique que gustatif ! Et c’était très amusant de voir la tête des copains n’arrivant pas à croire que Maître Moun avait fait tout ça tout seul (comme si Maître Moun avait l'habitude d'exagérer et de raconter des bêtises, pfff !!).

Quant aux cerisiers, ils étaient en pleine floraison – les roses, et surtout les blancs, un peu plus avancés - sous un soleil sans un nuage (et sans une trace d'avion, qui plus est !).


Mais nous n’étions pas les seuls à admirer le spectacle ! Les Japonais (et Coréens) étaient nombreux ! Ça faisait du bien de voir tant de gens heureux d’être ensemble devant la beauté de la nature !

dimanche 11 avril 2010

Hanami à la française

L'année dernière, exactement à la même époque, nous avons connu ça :
Corée du Sud, village d'Hahoe
7 avril 2009

... et l'année d'avant, toujours aux alentours de la même date, nous étions là :
Japon, Kamakura
3 avril 2008

Alors, c'est sûr, vous comprenez que cette année nous sommes sacrément en manque de cerisiers en fleurs ! Certes, il y a quelques arbres en fleurs, par ici (des magnolias par exemple). Mais il y en a si peu par rapport à la Corée et au Japon !

Comme ça leur manquait trop, mes maîtres ont sorti leurs roues et leurs roulettes et sont allés ici :
Il s'agit du parc de Sceaux. Au coeur de ce joli parc, à côté du grand canal et des jardins à la française, il y a deux bosquets dans lesquels sont plantés des cerisiers du Japon. Dans le bosquet nord, on trouve des cerisiers roses, et dans le bosquet sud des cerisiers blancs. Ça ressemble au Japon... Enfin, presque ! (Je ne crois pas qu'il y a des amoureux qui se font impudiquement des bécots en public dans les parcs japonais !)

Malheureusement, il faisait vraiment frisquet et surtout les sakura roses n'étaient pas encore fleuries. Les fleurs sont encore en boutons, mais d'ici une semaine à peine je pense que ce sera bon...
Alors on a décidé d'y retourner le week-end prochain pour fêter hanami comme il se doit avec les bentos remplis de la bonne cuisine de Maître Moun (et la bouteille de saké !). Espérons que le beau temps sera là !


mardi 23 mars 2010

Achille et la tortue

"Achille et la tortue" est un paradoxe posé dans l'Antiquité par Zénon d'Élée : si, lors d'une course de 100 mètres, on laisse à la tortue, réputée extrêmement lente, une avance de 90 mètres, sera-t-elle rattrapée par le rapide Achille "aux pieds légers" ? La réponse est non : ce sera la tortue la grande gagnante.
C'est sur ce paradoxe, expliqué sous forme de dessin animé, que s'ouvre le film de Takeshi Kitano, Achille et la tortue, sorti au Japon en 2008 (mais sur nos écrans depuis quelques semaines seulement). Très vite, on oublie le problème mathématique, car la suite du film ne semble avoir aucun rapport avec le paradoxe philosophique.

L'histoire, qui débute dans le Japon de l'après-guerre, est celle de Machisu, jeune prodige du dessin. L'enfant a une passion dévorante pour le dessin, et son père et ses professeurs le laissent s'y consacrer entièrement. L'enfant dessine tout ce qu'il voit. Son trait est encore maladroit. Mais, sans doute parce que son père est un riche industriel influent, on le croit promis à un brillant avenir. Cependant, du jour au lendemain, tout s'écroule : le père fait faillite et se suicide, laissant l'enfant orphelin. Machisu est recueilli par un oncle sans coeur. Mais il continue toujours de dessiner, comme indifférent au destin tragique de la vie qui l'entoure.
On retrouve Machisu quelques années plus tard, devenu jeune adulte. Il continue de peindre, cherchant à imiter au plus près la réalité qui l'entoure. Mais un critique le convainc de prendre des cours pour apprendre au contact des grands artistes. Voilà Machisu sur la voie de la peinture contemporaine occidentale. Picasso, Mondrian, Basquiat, Warhol... Machasu peint en série des clones - parfois grotesques - des chef d'oeuvres. Il multiplie les recherches artistiques, s'essaie à toutes les techniques, jusqu'aux plus extrêmes de l'Action Painting. Mais le résultat est toujours médiocre. La recherche de l'art comme technique originale le rend incapable de trouver l'émotion. Tout ce qu'il fait est impersonnel, toujours à la limite de l'absurde et du grotesque.
Plusieurs années passent. On retrouve Machisu sous les traits de Kitano, accompagné dans ses folies par son épouse. Mais Machisu vieillissant n'a toujours pas trouvé son style. Ses tentatives artistiques sont montrées avec jubilation dans des scènes burlesques, dans lesquelles l'artiste raté ne cesse de flirter avec la mort et le suicide.


On rit dans ce film. Mais on rit noir. C'est un film tragique sur la quête artistique et son échec. Le comportement du personnage est si absurde (il va droit dans le mur, au sens propre, comme un des personnages du film) que souvent j'étais mal à l'aise. Le message est en effet parfois appuyé. La vision de l'artiste est très sombre : si on n'a pas de talent, on aura beau s'acharner, on ne deviendra jamais artiste ? L'énergie que l'artiste met à chercher ce style qui lui échappe est celle du désespoir. A part la mort, point de salut ? Si, peut-être dans l'amour... la dernière scène du film esquisse une ouverture moins pessimiste.
Le petit Machisu, malgré ses dispositions dans sa jeunesse, est parti trop vite, comme Achille, le valeureux guerrier. Jamais il ne rattrapera la tortue. Jamais il ne trouvera l'Art. Car, dans sa quête folle du style, n'a-t-il pas oublié l'essentiel : vivre et sentir le monde qui l'entoure ?
Un film difficile, extrêmement pessimiste, à mille lieux de L'été de Kikujiro, et sans doute en partie autobiographique (c'est d'ailleurs Kitano lui-même qui a fait les tableaux du film). Mais un film qui fait réfléchir indéniablement sur le sens qu'on entend donner à la création artistique.


Achille et la tortue
Réalisé par Takechi Kitano
Avec Takeshi Kitano, Kanako Higuchi, Yurei Yanagi...
Année de production : 2008

lundi 22 mars 2010

Nobi-Nobi !

Sur ce blog, on est anti-copinage (je suis un mouton incorruptible !), mais quand des gens qu'on connaît font des trucs super bien, on a le droit (et le devoir) d'en parler, n'est-ce pas ? Surtout quand ça concerne le Japon !

Alors voilà, j'ai le plaisir de vous présenter une nouvelle maison d'édition nommée Nobi-Nobi ! Ses fondateurs, Pierre-Alain et Olivier, travaillent avec enthousiasme et passion depuis deux ans et demi à ce projet qui a vu concrètement le jour la semaine dernière avec la sortie de leurs premiers livres (et preuve de leur implication, c'est qu'ils sont prêts à se déguiser en canard pour faire la publicité de leur boîte : la preuve ici ! si c'est pas du dévouement, ça !). La ligne éditoriale de Nobi-Nobi est centrée autour du Japon et a pour but de proposer des histoires d'inspiration japonaise ou venues du Japon à de jeunes enfants (et à leurs parents, qui, eux-mêmes, ont grandi devant les mangas !). "Nobi-nobi" est une onomatopée japonaise signifiant "être à l'aise, épanoui" et on ne peut qu'espérer que les enfants qui liront des livres de cet éditeur seront à leur tour "nobi-nobi" !

J'ai lu les deux premières productions de cette toute nouvelle maison d'édition. Princesse Pivoine inaugure la collection "Soleil flottant", destinée aux petites filles à partir de six ans et proposant des contes japonais aux illustrations proches du manga. L'album présente une légende japonaise, illustrée par Ein Lee, une jeune et prometteuse illustratrice taïwanaise, et adaptée par une copine de blog de Geisha Line, Christelle Huet-Gomez (alias Choumie). C'est l'histoire d'Aya, une jeune princesse que son père destine à un mariage d'intérêt. Un soir, la jeune fille est sauvée d'une chute par un mystérieux samouraï. Qui est-il ? Comment a-t-il pu s'introduire dans le jardin ? Aya pourra-t-elle le revoir ? Princesse Pivoine est une histoire d'amour dans laquelle s'invitent les esprits de la nature et qui saura faire voyager les petites filles rêveuses ! J'aime beaucoup les illustrations pleines de douceur.

Le second livre, Papa Renard en croque pour les cochons, est dans un style totalement différent. Il s'agit de la traduction d'un album paru au Japon, écrit et illustré par Tatsuya Miyanishi. L'album lance la collection "1, 2, 3 Soleil", consacrée à des histoires humoristiques et décalées pour les plus jeunes (3-5 ans). Papa Renard a décidé d'attraper des cochons pour faire un bon repas en famille. Mais les cochons qu'il rencontre sont décidément bien sympathiques : l'un est gourmand, le deuxième est jardinier, le troisième bricoleur et tous les trois sont fort généreux. Papa Renard aura-t-il le coeur de les transformer en jambon ? L'histoire est pleine d'humour et de rebondissements. Le dessin, très particulier avec ces gros traits noirs et ces formes géométriques, peut à première vue surprendre par son originalité. Mais il se marie à merveille avec l'histoire, un brin décalée.


Bref, Nobi-Nobi, une nouvelle maison d'édition à suivre de près... surtout pour un des livres à sortir à l'automne prochain, hé hé !! (Non, je ne vous explique pas pourquoi maintenant : j'ai dit que j'étais un mouton incorruptible !).

Princesse Pivoine
Illustré par Ein Lee
Adapté par Christelle Huet-Gomez
Nobi-Nobi
Mars 2010

Papa Renard en croque pour les cochons
Tatsuya Miyanishi
Nobi-Nobi
Mars 2010

mardi 9 mars 2010

Mon année

Jîro Taniguchi, le célèbre mangaka japonais qui a tant de succès auprès du public français, réalise désormais également des BD franco-belges ! Il s'est du moins lancé dans l'expérience aux éditions Dargaud avec une série en quatre saisons et en quatre tomes, intitulée Mon année. L'album a un format d'album de BD, une petite pagination de 64 pages et à l'intérieur des planches en couleurs - tout comme nos bonnes vieilles BD ! J'ai trouvé que Taniguchi avait réussi avec brio son pari. Le fait qu'un scénariste français - Jean-David Morvan - soit à la plume a certainement favorisé le passage du manga à la bande dessinée. Mais il faut dire aussi que les différences entre le manga et la BD sont finalement assez ténues.
J'ai donc lu l'autre jour le premier tome de Mon année, sous-titré "Printemps". Le thème de l'histoire a le mérite d'être très peu traité et c'est courageux - mais nécessaire - d'oser l'aborder dans un album pour le grand public. L'histoire est en effet celle de Capucine, petite fille trisomique âgée de 8 ans. Elle vit à Reims avec ses parents et fréquente l'école publique. La trace de son handicap ne se lit pas sur son visage et bien des personnes qui ne la connaissent pas la prennent pour une petite fille comme une autre, ne comprenant le comportement parfois bizarre qui est le sien. Mais, malgré ses efforts, Capucine a de plus en plus de mal à suivre à l'école. La directrice annonce aux parents qu'il va falloir se résoudre à envoyer l'enfant dans un établissement spécialisé. C'est une année de changements qui s'annonce pour la petite Capucine. On devine ainsi que dans les trois autres tomes le lecteur va être témoin de ces métamorphoses.

Le dessin de Taniguchi est d'une remarquable précision. Chaque détail est retranscrit avec une grande attention. Ainsi, dans les premières pages, on reconnaît d'emblée la plage de Deauville et, au fil des pages, on n'est pas dépaysé par les images du quotidien français. En un sens, c'est assez impressionnant de la part d'un dessinateur japonais qui ne vit pas en France. Il faut dire que Taniguchi est tout de même venu en France en vue de réaliser cet album et qu'il a pas mal travaillé à partir de photographies. La couleur - inhabituelle chez cet auteur - rend les scènes encore plus vivantes et percutantes.
(c) Dargaud

Toutefois, je dois dire que j'ai été un petit peu déçu par cet album. Le scénario est lent et l'histoire peine à débuter. Bien sûr, il faudra attendre les autres tomes pour que l'histoire prenne de son ampleur. Mais tout de même, je suis arrivé à la 64e page de l'album un peu frustré. Il est vrai qu'il y a une certaine sensibilité et une pudeur dans le point de vue porté sur l'enfant. J'ai aimé notamment les dessins d'enfant qui viennent scander certaines pages : la petite Capucine, quand elle a du mal à exprimer un sentiment, fait un dessin. C'est une astucieuse façon de montrer le regard de l'enfant et d'approcher sa sensibilité à fleur de peau.

(c) Dargaud

Jean-David Morvan s'est pas mal documenté pour écrire son scénario. Comme il l'explique ici dans une interview, il s'est rendu dans un centre pour enfants trisomiques et a rencontré des parents. On ne doute pas que l'album est bien informé. Pourtant, il m'a semblé qu'il manquait quelque chose dans cette histoire - pas assez de vécu ? pas assez d'émotion ? Je ne sais pas... Il faudra lire les trois autres tomes pour se faire une vraie idée de l'ensemble (mais ils ne sont pas encore sortis !).

Par ailleurs, peut-être que ma frustration vient également un petit peu de l'atmosphère franco-française donnée à cet album. Ce que j'aime chez Taniguchi, c'est voir en direct une certaine image du Japon (notamment contemporain). Ici, puisque l'histoire se passe en France, sans aucun lien avec le Japon, il n'y a pas le même effet d'exotisme et de séduction par le détail pittoresque. Peut-être que lorsque cet album sera traduit en japonais et sortira au Japon, il saura finalement séduire davantage les Japonais que les Français... pour une fois ?

Notez toutefois un tout petit détail "anagéographique" (argh ! je ne sais pas si le mot existe !). Dans l'intérieur impeccablement français de la famille de Capucine, j'ai vu un accessoire 100 % japonais qui a peu de chance de se trouver chez des Français. L'avez-vous remarqué ? (Maître Moun n'a pas trouvé, j'ai dû lui souffler !)

  • Une critique et plusieurs pages de la BD ici
  • Pour en savoir plus sur la réalisation de l'album, voir ici (sur Actuabd)
  • Pour devenir fan de l'album sur Facebook, c'est ici

Mon année
Jean-David Morvan / Jîro Taniguchi
Dargaud
2009
4 tomes
Album grand format - 64 pages

jeudi 18 février 2010

Le fou de poésie

Attention, chef d'oeuvre ! Coup de coeur pour un album découvert samedi à la librairie de la Maison du Japon (près de la tour Eiffel) !
Basho, le fou de poésie est un album de Françoise Kérisel, magnifiquement illustré par Frédéric Clément et publié chez Albin Michel. L'album nous invite à suivre une saison dans la vie du poète Basho Matsuo, dans le Japon du XVIIe siècle. Tous les Japonais connaissent Basho : c'est un des plus célèbres poètes de haïkus. Poète, mais aussi voyageur, philosophe et maître du boudhisme zen. Nous le suivons avec l'un de ses plus fidèles disciples, Kikaku. Basho a choisi la poésie et a renoncé à une carrière de samouraï. Il a ainsi choisi de prendre le temps de contempler la vie dans ses plus éphémères manifestations - par exemple un vol de libellule rouge, semblable à un piment.
Le texte en lui-même n'est pas forcément facile (ainsi, les mots japonais ne sont pas expliqués). En cela, je pense que l'album ne s'adresse pas vraiment aux enfants (tout au plus aux grands adolescents).
Mais au-delà du texte, c'est par la forme même des choix éditoriaux que cet album séduit. Le choix d'un format allongé, tout en hauteur, d'un papier épais, avec des pages qu'on ouvre et déplie en largeur, fait de cet album un "beau livre". Les illustrations de Frédéric Clément sont de toute beauté : des fleurs séchées collées, avec un jeu sur les formes et les matières, une mise en valeur par la calligraphie dans un univers inspiré des estampes japonaises. J'ai aimé la description des éléments techniques en début d'ouvrage, comme pour rendre hommage à l'objet fabriqué (nom du papier, des pinceaux utilisés...). J'ai aimé aussi me laisser emporter par la beauté des images.
Beaucoup de trouvailles et de recherches élégantes et raffinées dans ce magnifique ouvrage ! Je vous invite à le découvrir de toute urgence ! En attendant, allez jetez un coup d'oeil au blog de Frédéric Clément, sur lequel on peut lire des tas de haïkus et suivre la réalisation de l'album, avec une jolie collections de fleurs séchées et de plumes.


Basho, le fou de poésie
Françoise Kérisel
Illustrations de Frédéric Clément
Albin Michel
Sorti en octobre 2009
18 Euros