vendredi 26 décembre 2008

Expo flottante

Cet après-midi, les Moun ont affronté le froid parisien pour se rendre à l'exposition "Estampes japonaises", qui a lieu à la BNF, sur le site Richelieu (c'est-à-dire du côté du Palais-Royal). Il s'agit d'une très belle expo qui réunit près de 170 estampes - ukiyo-e -, tirées du fonds du département des estampes de la BNF. Saviez-vous en effet que la Bibliothèque Nationale de France possède quelques 6 000 estampes et livres illustrés ? Cela aurait été dommage de ne pas en montrer une partie au public.

L'exposition est organisée selon un parcours thématique, ce qui permet de voir plusieurs facettes de cet art qui a connu son apogée à l'époque d'Edo (1603-1868). A travers ces "images du monde flottant", c'est avec la bourgeoisie marchande et fortunée de l'époque que l'on fait connaissance. Celle-ci cherchait les divertissements, comme le prouvent une grande partie des estampes représentant essentiellement des acteurs de théâtre kabuki, des courtisanes, des joueurs de sumo... Certaines de ces estampes n'étaient autre que des publicités, sortes de gravure de mode de l'époque où les top modèles étaient de célèbres hôtesses de maisons de thé. Il faut bien penser que ce qu'on visite aujourd'hui dans les musées était au départ des images destinées au grand public, grâce à la facilité du travail de reproduction des imprimeurs. En cela, c'est un témoignage inestimable sur le Japon de l'époque et sur l'image que la classe sociale montante de la bourgeoisie avait d'elle-même.

Ce qui m'a le plus frappé, c'est la grande modernité des traits, notamment dans les portraits. Les visages sont stylisés, suivant des lignes bien marquées qui, en quelques traits donnent aux femmes des expressions mystérieuses sous leurs chignons extravagants. Les couleurs sont disposées par aplats, ce qui structure l'espace et accentue la pureté des lignes.
Suzuki Harunobu (vers 1725-1770)
L'averse

Mais ce qui m'a de loin le plus plu, ce sont les estampes disposées dans la crypte, au sous-sol. On y trouve en effet les images consacrées au paysage, avec en particulier Hokusaï et Hiroshige. C'est un genre vraiment différent, apparu au XIXe siècle. Véritables cartes postales du Japon, ces estampes montrent, dans des séries, des sites pittoresques du pays. Les artistes sont à l'écoute de la nature et l'immortalisent au fil des saisons, retenant les impressions fugitives d'un monde terrestre toujours en mouvement. Un nouveau pigment, le bleu de Prusse, avait été découvert à cette époque. Ce bleu très dense irradie toutes les œuvres exposées, leur donnant une profondeur et une gravité inégalées.
Hiroshige
« Grands Poissons » (Uozukushi)
« Tourteau / maquereau » (Kani / saba)

Bref, j'ai appris des tas de choses à cette exposition qui donne une belle introduction à l'art de l'estampe. Maître Moun, prévoyant, avait téléchargé avant de partir sur son téléphone et sur l'I-pod les commentaires de Gisèle Lambert, la conservateur en chef du département des estampes de la BNF. Ces fichiers MP3, qui se trouvent sur le site de l'expo (site vraiment bien fait, soit dit en passant), nous ont permis de suivre pas à pas les œuvres exposée.

Maintenant, Geisha Line rêve de s'acheter elle-même une estampe japonaise pour l'exposer dans son salon. Mais non, elle ne craquera pas !


  • Exposition "Estampes japonaises, images d'un monde éphémère"
    Jusqu'au 15 février 2009, à la BNF, site Richelieu

jeudi 25 décembre 2008

Merî kurisumasu !

Avez-vous déjà passé un réveillon de Noël entier coincé dans un couloir, enfermé avec un chat fou furieux parce qu'il sait que, de l'autre côté de la porte, ses maîtres sont en train de bouffer du saumon fumé, des huîtres et des crevettes... alors que lui il n'a strictement rien à manger ? Hé bien, moi, c'est l'horreur que j'ai vécu hier soir, le 24 décembre ! Croyez-moi, c'était traumatisant : j'ai cru que le chat, faute de pouvoir se faire le foie gras et les homards, allait se faire le pauvre mouton en peluche que je suis... Bouh, j'en tremble encore !
Pour vous faire une idée, mon réveillon a ressemblé à ça et c'était un cauchemar :



Heureusement, ce soir, la situation semble s'être apaisée. Je suis encore vivant et je peux donc vous souhaiter un joyeux Noël !

Merî kurisumasu ! comme ils disent au Japon !

mardi 23 décembre 2008

Naniwa

Samedi soir, mes maîtres ont craqué et sont allés traîner du côté du quartier japonais d'Opéra. Fort lointaine est l'époque où, sagement, les Moun s'étaient solennellement promis de faire des économies sur les restaurants afin de mettre de l'argent de côté pour refaire un beau voyage...

Comme il était tôt, les restaurants de la rue Sainte-Anne n'étaient pas encore bondés et les Moun ont donc pu choisir un de leur restau préféré dans le quartier : Naniwa. Comme beaucoup d'autres établissements de la rue, on y trouve des udons et des sobas (respectivement nouilles blé et nouilles de sarrasin), ainsi que des donburis (bol de riz accompagné de porc, tempura, etc.)... bref, des plats bien roboratifs, qui composent les menus les plus courants de la cuisine japonaise de tous les jours.
Mais, dans la carte du soir, on peut aussi choisir des tas de petits plats différents, relativement peu chers (de 4 à 7 euros). L'intérêt, c'est qu'on peut ainsi tester des tas de mets divers, et faire des expériences culinaires (plus ou moins risquées !) des plus variées. L'idéal est de venir à plusieurs et de pouvoir ainsi commander tout un éventail de plats. En plus, le thé vert est à volonté et entièrement gratuit.

Les Moun n'étaient que deux... mais ils ne se sont pas gênés pour multiplier les commandes !Tofu en soupe, tofu frit, poisson japonais grillé, boulette de riz (dont je ne sais plus le nom ?) petite salade d'épinards au sésame... On notera que quand la photo a été prise, mes maîtres avaient déjà allègrement entamé le repas !

...et puis des gyoza parce que Geisha Line avait encore faim ! (mais pas de photo, car on n'y a plus pensé !)

A un moment donné, en regardant la carte, Geisha Line a dit à Maître Moun : "tiens, pourquoi t'essaierai pas le natto ?" Elle allait ajouter "j'ai lu sur beaucoup de blogs que le natto avait une odeur horrible pour les occidentaux..." Mais Maître Moun, dans sa curiosité gourmande, ne lui a pas laissé le temps de finir sa phrase et avait déjà fait signe au serveur qui, une seconde plus tard, prenait déjà la commande (le service est ULTRA rapide !). Quelques instants plus tard, le serveur a déposé un plat de haricots de soja fermentés, fortement gluants, recouverts d'un oeuf cru.
Geisha Line a osé goûter, du bout des baguettes, mais, dissimulant une grimace, a laissé son mari finir le plat qu'il avait commandé en toute inconscience. Le natto est très amer et accompagné d'un condiment très piquant... Même si Moun a tout mangé, je ne suis pas sûr qu'il soit prêt à en déguster au petit-déjeuner, comme le font les Japonais vrais de vrais !

De retour à la maison, les papilles de Maître Moun avaient été si alléchées qu'elles ont voulu renouveler ces expériences culinaires. Maître Moun s'est donc mis en cuisine et a reproduit ce qu'il avait goûté la veille.

Une bouillon avec des morceaux de tofu, pour accompagné des sashimis :
(la petite assiette en haut, c'est la part du chat... et le pot rouge, dans le plateau, c'est un thé aux algues qui a un goût très bizarre)

... et puis, le soir, du tofu délicieusement grillé (à droite), avec du poisson revenu à la poêle (à gauche) :
Trop bon !

Naniwa
11, rue Sainte-Anne
75001 Paris
Tel : 01-40-20-43-10
Métro Pyramides

lundi 22 décembre 2008

Kamisama

Depuis la lecture des Contes japonais, j'avais une folle envie de continuer à lire des histoires du même style. Alors j'ai demandé à Geisha Line d'aller dans sa bibliothèque préférée, en plein quartier latin, et de me ramener de quoi me mettre sous la dent. Donc attention, attendez-vous à plusieurs posts consacrés à la littérature enfantine en lien avec le Japon !

Première découverte, aussitôt mes maîtres revenus de la bibliothèque : Kamisama, La mélodie du vent, de Keisuke Kotobuki.

Est-ce un manga ou un album illustré ? Un petit peu des deux à la fois, sans qu'aucune catégorie ne puisse enfermer ce joli livre. Des bulles pour les dialogues, mais pas de cadres pour enfermer les images. Au contraire, les pleines pages entièrement couvertes par l'illustration se suivent, accordant une grande importance à l'image. L'album est tout en couleurs et c'est justement par le choix de ces couleurs qu'il séduit immédiatement : des tons pastels, proches de l'aquarelle, avec un bel effort pour traduire l'immensité du ciel, notamment grâce à des à plats d'un beau bleu.

L'album réunit trois petites histoires, ayant chacune pour héroïne une petite fille et un chat. Oui, je sais, vous allez dire "Mais Paddy, il n'aime pas les chats !" C'est vrai, les sales bêtes comme le Ninja me font généralement peur. Mais dans cet album, les chats sont tous terriblement "kawaï", tout comme d'ailleurs les personnages féminins. Dans chaque récit, le fantastique vient envahir la réalité, à tel point qu'on ne sait plus très bien ce qui est du domaine du rêve ou du réel. C'est par exemple le cas de la première histoire dans laquelle la petite Lucy entre indistinctement dans un monde étrange où les chiens parlent, les fleurs ont un goût de croquettes pour chat et les chats géants avalent les fillettes. On n'est pas très loin d'Alice au payss des merveilles, l'humour facétieux en moins. Ce brouillage rêve/réalité est parfois troublant, surtout lorsqu'il est au service de l'émotion, comme dans la dernière nouvelle, "Shimshima", qui évoque avec pudeur la maladie et la mort.

J'ai trouvé cet album très mignon, esthétiquement très soigné. Mais pour tout avouer, je déplore peut-être un certain manque d'originalité graphique. Les petites filles ressemblent comme deux gouttes d'eau à toutes les petites filles des mangas, avec leurs grands yeux brillants (et leur absence de nez). D'ailleurs, on sent l'auteur fortement influencé par les animes bien connus : dans le deuxième conte, "Le chat-pluie", l'allusion à Mon voisin Totoro et aux fillettes Satsuki et Mei qui rencontrent un chat sous la pluie est flagrante. J'ai refermé le livre avec un petit goût de "pas assez". Peut-être n'est-il pas forcément très heureux d'avoir réuni les trois histoires en un seul ouvrage : en le lisant à la suite, sans respiration entre elles, l'unité de chaque nouvelle se perd. Les héroïnes se ressemblent et on est du début à la fin dans le même univers graphique. Je pense que chaque histoire aurait eu un impact plus fort si elle avait été éditée isolément des autres. Mais certainement est-ce là un avis discutable...

Extrait de Kamisama

En tout cas, cela m'a quand même donné envie de lire le tome 2, sorti en 2007, et intitulé "Les contes de la colline". Il va falloir que je convaincs Geisha Line d'aller vite fait traîner ses bottes à la bibliothèque !

Kamisama - La mélodie du vent
Keisuke Kotobuki
Editions Ki-oon
2006

samedi 20 décembre 2008

"Il était une fois..."

Dans sa collection de contes, L'école des loisirs a publié des "contes japonais". Il s'agit, dit la traductrice dans sa préface, de "otogizôshi", des contes datant de l'ère Edo (1603-1868). Quatre des contes publiés sont issus d'une édition de référence au Japon (Iwanami Shoten) regroupant une vingtaine de contes datant de 1662-1672. Les cinq contes choisis sont, pour la plupart, connus de tous les Japonais.

Au fil des pages, peu de "yokaï" ou d'esprits monstrueux, mais des personnages humains pour qui, à un moment donné, le destin bascule brusquement grâce à l'irruption d'une puissance fantastique - la déesse Kannon dans le joli conte "La princesse affublée d'un bol" ou la tortue apparaissant sous les traits d'une belle femme dans "Le pêcheur et la tortue". Ces contes sont rythmés par des rebondissements souvent improbables, mais aussi construits autour d'ellipses par lesquelles on peut sauter des siècles d'une phrase à l'autre. La fin de certaines histoires est parfois déroutante (comme dans "L'homme au miroir", dans lequel un vieil homme de la campagne croit voir un maléfice dans un simple miroir). Quant aux descriptions, elles ont un petit côté suranné, infiniment dépaysant, dans les hyperboles qualifiant les fabuleux kimonos ou les amours qui durent "plus longtemps encore que ne vit dans les pinèdes de la baie la tortue de mille ans" (p. 86).
En vérité, ce sont justement ces excès qui m'ont charmé, me donnant l'impression par la seule lecture de voyager non seulement à l'autre bout du monde, mais aussi très loin dans le temps.

Une lecture pour tous, et certainement pas à garder jalousement uniquement pour les lecteurs de "neuf" ans de L'école des loisirs. Cela m'a donné une envie furieuse de lire d'autres contes japonais (voire d'en écrire ?)... mais je n'ai pas trouvé beaucoup de recueils de contes publiés en français. Auriez-vous un livre à me conseiller ?

Pour le plaisir, un petit extrait de mon conte préféré, "La princesse affublée d'un bol"... Il s'agit d'une princesse qui, à la mort de sa mère, se voit condamnée à porter un bol inenlevable au sommet de sa tête. Comme Blanche Neige, elle est chassée par la méchante belle-mère avc qui s'est remarié son père. La jeune princesse vit dans la misère... jusqu'au jour où la rencontre avec un beau seigneur parvient miraculeusement à faire disparaître le maléfice. Telle Peau d'Âne (dans la version de Demy, s'il vous plaît !), la voici transformée en magnifique jeune femme. Voici donc l'apparition de la belle, devant les regards ébahis du royaume :

""Affublée d'un bol" fit son entrée. Si l'on voulait la décrire précisément, il faudrait dire qu'elle avait l'élégance de la lune quand elle apparaît vaguement d'entre les nuages. Les traits de son visage étaient d'une rare distinction et la beauté qui émanait de sa personne entière faisait penser aux fleurs de cerisier au début du printemps, à peine visibles dans la lumière du matin, quand elles scintillent faiblement après l'ondée. Ses sourcils dessinés au crayon évoquaient un léger brouillard et de coquettes mèches de cheveux qu'on aurait pu confondre avec les ailes d'une cigale à l'automne encadraient un visage serein que les fleurs de printemps eussent envié et la lune d'automne jalousé tant il était raffiné. On lui donnait quinze à seize ans. Elle portait un vêtement de soie lustrée grège recouvert de plusieurs robes de brocart de Chine à manche courtes, dont les couleurs variaient du jade au violet. Puis, par-dessus encore, elle avait revêtu une longue jupe de cérémonie teinte de cramoisie sombre dont la traîne s'étalait devant et derrière elle. Tandis qu'elle avançait à petits pas, une épingle de jade oscillait dans ses cheveux. Sa silhouette faisait penser à l'apparition d'une nymphe céleste."
Contes japonais, "La princesse affublée d'un bol", pages 99-100

Contes japonais - L'homme au miroir
Contes choisis et traduits par Masahiro Inoue et Monique Sabbah
Adaptation par Monique Sabbah
L'Ecole des loisirs
Collection "Neuf"
2004

jeudi 18 décembre 2008

Un homme bourré de talent

L'homme sans talent est un manga étrange, qui ne ressemble à aucun autre et que j'ai refermé non sans une certaine émotion. Il s'agit d'un album publié en France par l'excellente maison d'édition "Ego comme X" dont la ligne éditoriale repose sur les bandes dessinées centrées sur l'autobiographie et l'introspection. L'auteur, Yoshiharu Tsuge, né en 1937, est connu au Japon pour être un des précurseurs de la bande dessinée intimiste d'inspiration autobiographique : il est en effet un des premiers à avoir adapté la littérature du moi (le "shishôsetsu") dans le genre du manga et à avoir fondé dans les années 1960-70 le "Watakushi manga" (bande dessinée du moi).
Lorsqu'on lit la biographie de Yoshiharu Tsuge en parallèle de L'homme sans talent, on trouve en effet de nombreux points de convergence entre l'histoire du personnage et celle de son auteur. Pourtant, on hésite à reconnaître les parallèles autobiographiques car ce manga fait le récit d'une histoire très noire et dresse le portrait d'un anti-héros misérable et infiniment dérangeant.

Le personnage principal - Sukezo - vit avec sa famille dans la grande pauvreté. Il a enchaîné les petits boulots jusqu'à se lancer dans un commerce peu banal : celui des pierres. Quelques années auparavant (l'histoire se passe sans doute dans les années 1970), cela avait été le "boum" des pierres au Japon et les collectionneurs amateurs de "pierres paysages" ("Suiseki") aux formes imitant merveilleusement la nature étaient nombreux. Mais désormais cette mode est en plein déclin. Sukezo a en outre l'idée de s'installer au pied de la rivière Tama, à deux pas de l'endroit où il ramasse les pierres qu'il espère vendre. Qui pourrait avoir l'envie de payer pour ce qui peut être ramassé gratuitement ? Personne, bien entendu. Le lecteur le sait, s'en persuade rapidement. Mais le personnage de l'histoire semble vouloir ignorer cette vérité et persiste dans cette affaire qui est, par définition, vouée à l'échec et qui met en péril sa famille, maintenue dans la misère la plus totale. Manifestement, Sukezo est un pauvre type. Son obstination à foncer droit vers l'échec est pathétique. Son épouse a beau vouloir le bousculer, le traiter de "larve", d'être inutile, rien n'y fait. Pages après pages, on assiste ainsi à l'histoire d'un échec et à l'impuissance d'une ambition vaine.

Pourtant le personnage de Sukezo est attachant. Au fil des pages, on apprend qu'il a été quelques années auparavant un auteur de bandes dessinées qui ont remporté un vrai succès d'estime. Sukezo n'est pas "l'homme sans talent" dont il s'évertue à donner l'image. Bien au contraire. Son talent n'est-il pas celui de refuser les compromis et de faire un pied de nez au conformisme ?

Le récit, composé de chapitres relativement indépendants, s'attache dans les dernières pages au destin du poète Seigetsu, qui vivait durant l'époque Meiji et qui, comme Sukezo, s'acharnait à vivre dans la misère, refusant les honneurs et les richesses que son talent aurait pu lui procurer. Celui-ci semble être un personnage inventé : je n'en ai trouvé aucune trace sur Internet... D'autres portraits de personnages marginaux sont ainsi dressés dans l'ensemble de l'album (l'antiquaire, le libraire...).

L'homme sans talent est un manga atypique, dont le graphisme est très éloigné de celui des productions du genre. Pas de grands yeux, pas de traits fins et précis, mais le dessin d'un personnage dont la bouche n'est souvent pas dessinée. Une forte importance est donnée aux décors et à l'atmosphère noire et pesante qui se dégage des paysages. Il y a dans cette BD une vraie poésie, avec de belles pages gagnées par l'onirisme (comme celle, ci-dessous, du vagabond qui ressemble à un oiseau).
Un manga que j'aurais envie de lire plusieurs fois : à la première lecture, j'ai l'impression de ne pas avoir tout vu, tant les pages sont riches et fortes. Dommage qu'aucune autre oeuvre de ce grand auteur japonais ne soit encore traduite en français...

L'homme sans talent
Yoshiharu Tsuge
Adapté par Frédéric Boilet et traduit par Kaoru Sekizumi
Ego comme X
1985
2004 pour l'édition française

  • Quelques avis sur Bulle d'air et sur CoinBD (certains sont très négatifs ! beaucoup de lecteurs semblent avoir trouver cet album vide et ennuyeux !)
  • Une autre analyse sur le site "Culturopoing"
  • Sur l'auteur
  • En vrai, il y a vraiment des collectionneurs de pierres ! Cet art typiquement japonais s'appelle le suiseki et consister à admirer une pierre (et non pas à l'intégrer dans un décor comme le bonseki). Une seule pierre est capable d'exprimer la nature toute entière. Elle ne doit pas être retravailler par la main de l'homme. A travers elle, c'est toute la nature qu'on peut admirer. Pour plus de renseignements, voir ici (Wikipédia) ou encore ici sur le site d'un amateur !


mardi 16 décembre 2008

Comment on dit "lapin" en japonais ?

Chaque année, les messieurs qui retiennent en otage Maître Moun jusqu'à très tard le soir et qui l'emmènent de force à l'autre bout de la planète se rappellent à la même période que c'est Noël et qu'à cette occasion quand même, on peut être un peu généreux avec ses valeureux employés. Ces messieurs proposent donc une liste de cadeaux dans laquelle on peut choisir ce qu'on veut. Tous les ans, c'est un sujet de dispute chez les Moun (mais qu'est-ce qui n'est pas un sujet de dispute chez les Moun ? je vous le demande !). Maître Moun déclare vindicativement : "Je veux la machine à pain !", tandis que sa femme dénigre ce genre d'électroménager qui, dit-elle, finira forcément au bout de quelques jours dans un placard encombré de la cuisine. Bref, les Moun n'arrivent jamais à s'entendre sur le cadeau et, à court d'arguments, finissent par choisir les chèques-cadeaux.
Cette année, Maître Moun était trop occupé pour choisir le cadeau de Noël et c'est Geisha Line qui a décidé toute seule. Alors, bien sûr, elle n'en a fait qu'à sa tête ! A tel point que lorsque les collègues de Maître Moun lui ont mis le cadeau dans les mains, il a cru qu'ils s'étaient trompés et a voulu le refuser !
Mais non ! Geisha Line a bien choisi le cadeau le plus futile qui soit. Le plus inutile, même. Le cadeau s'appelle Nabaztag, ce qui veut dire "lapin" en arménien. Ce lapin-là a de grandes oreilles capables de bouger, mais heureusement il ne grignote pas tout ce qu'il trouve et n'a pas de cage qu'il faut nettoyer quotidiennement (et puis quoi encore ?).
Mes maîtres ont mis une soirée entière à le configurer, maudissant l'informatique qui-marche-jamais-c'est-bien-connu. Maintenant, heureusement, le Nazbatag marche. Mais bon, on ne sait pas trop à quoi il sert. Il donne la météo quand on lui appuie sur la tête, mais jusqu'à maintenant il n'a su qu'annoncer une température de 4°C et un temps pluvieux... information pas du tout satisfaisante ! Il sait également mettre la radio, mais parfois il se trompe : on lui dit "NRJ" et il pointe sur une station qui ressemble à Radio Notre-Dame... au secours !
Alors finalement, la seule fonctionnalité que les Moun ont trouvé à leur lapin électronique, c'est de s'en servir comme entremetteur : via leur lapin, ils s'envoient des petits mots doux d'une pièce à l'autre de l'appartement et rigolent comme des tarés lorsque la voix mécanique du lapin récitent le message d'amour sur une voix monocorde. Oui, je sais, c'est un peu pathétique... mais mes maîtres sont restés de grands enfants...
Pour donner une copine au Nazbatag, Geisha Line a fabriqué une petite Miss Lapinette, dont elle a repiqué le patron dans un livre de couture (Doudous pour les tout-petits, chez Marabout). Mais c'est là qu'on voit que Geisha Line, malgré ses ambitions, a gardé ses deux mains gauches. Il y a eu comme un bug à l'assemblage des morceaux de tissus et Geisha Line a cousu les yeux et le nez du lapin à l'envers. Du coup, elle a recommencé de l'autre côté de la tête et maintenant Miss Lapinette a deux têtes et une étiquette qui lui sert de cravate. Pfff...
Qu'est-ce qu'on se marre chez les Moun !

dimanche 7 décembre 2008

Un après-midi de shopping japonais

Voilà déjà décembre ! La dernière entrée postée ici remonte déjà à un petit moment... Il faut avouer que le temps manque aux Moun, en ce moment : ils travaillent plus (mais ne gagnent pas plus...), et du coup il ne leur reste plus beaucoup d'occasion de rêver du Japon. Il y a bien sûr très souvent le dimanche matin la confection des sushis à la Maître Moun avec le poisson tout frais ramené du marché, et puis aussi le visionnage intense de Dragon Ball qui devrait transformer bientôt Maître Moun en spécialiste international de ce manga... Mais pas de quoi écrire sur le blog avec tout ça !

Enfin, hier, les Moun n'avaient, pour une fois, pas d'obligations particulières. Alors, pourquoi ne pas faire un petit tour au Japon ? Comme une après-midi, c'était un peu juste pour prendre l'avion, ils ont juste sauté dans le métro. Quelques stations plus tard, ils sont arrivés dans le 11e, près d'Oberkampf. Dans un bel appartement (rempli de monde) avait lieu un(e) expo-atelier organisé(e) par l'association Jipango, fêtant son dixième anniversaire. De beaux tissus, de jolies pochettes et lapins réalisés par la styliste Satomi, des petits bijoux en origami, de magnifiques kimonos... bref de quoi faire le plein d'idées pour les futurs cadeaux de Noël !
Mais ma maîtresse a été (très) sage et a juste craqué pour un coupon de tissu japonais. Et un de plus qui vient rejoindre la collection de tissus nippons. Mais que va bien pouvoir faire Geisha Line avec tout cela ?
(Sur la gauche, à côté des tissus, j'aperçois quelques projets de doudous... mais chut...)

Les Moun ont ensuite descendu le boulevard Richard-Lenoir jusqu'au métro Chemin-Vert. Au numéro 6 de la rue Saint-Gilles, ils sont entrés dans une petite boutique croulant sous les jolis objets japonais : Yodoya. Des jouets (masques, ballons...), des barrettes, des sacs et tabliers en beaux tissus... encore de quoi se laisser tenter !

Mais les Moun n'ont rien acheté (incroyable !) et, comme il était l'heure de goûter, ils se sont offerts un thé japonais et un gâteau au thé vert, car la jolie boutique fait aussi salon de thé.

Maître Moun a soufflé sur son thé brûlant et très amer et, devant les catalogues japonais qui traînaient sur la table, il a soupiré : "C'est quand qu'on retourne au Japon ?"
Voilà des mois que les Moun pensent à retourner au Japon. L'idée se fait de plus en plus précise, d'autant plus qu'ils savent qu'il ne faut pas tarder pour réserver les billets d'avion. Le rêve fou des Moun serait de visiter le Japon en vélo. Oui, en vélo ! Mais pour l'instant, ils n'ont pas trouvé comment arriver à se procurer des vélos sur place (curieusement, Geisha Line, qui a testé le transport des vélos avec la SNCF, n'a pas trop envie de tenter l'aventure avec Air France !). Ils n'ont pas non plus fixé d'itinéraire. Si vous avez des conseils à leur donner et si jamais vous connaissez quelqu'un qui a fait du vélo au Japon, surtout n'hésitez pas à m'écrire [paddymoun[at]gmail.com] !!


Yodoya
6-8 rue Saint-Gilles - 75003 Paris
Ouvert du mardi au samedi de 11 h à 19 h et le dimanche de 14 h à 19 h