jeudi 26 février 2009

It's raining cats and dogs

Hiroshige, Sur la route de Tokaido
8e station : Oiso
"Pluie de Tora" (Tora-ga-me)

Le jeudi, c'est cours de gym - et 1, et 2, et 3, on lève les jambes et on contracte les abdos, allez, on y va !
Mais le jeudi, c'est aussi le voyage d'Hiroshige sur le chemin des estampes du Tokaido. Effort bien moindre, et découverte bien plus merveilleuse que le dojo crasseux du gymnase municipal.
Aujourd'hui, les voyageurs arrivent trempés au relais d'Oiso. Chacun a pris ce qu'il avait sous la main pour se protéger des épaisses gouttes de pluie qui tombent avec violence dans les rues du village. On ne voit aucun visage, chacun se dissimulant sous un grand chapeau, un parapluie ou une grande couverture.

Dans cette estampe, j'aime la verticalité des traits de pluie qui trahissent toute la violence de l'averse. Hiroshige a-t-il pris une règle pour dessiner des traits aussi droits ? Dans la vie, dira-t-on, la pluie n'est jamais aussi géométrique et ne se soucie pas de jeter des rayons si parfaits sur la terre. Pourtant, ces traits obliques me rappellent des orages de montagne si violents qu'ils ont laissé, pendant quelques instants, des marques sur ma peau.

Il pleut des chiens et des chats. Le sol est gris et c'est bientôt la nuit. Mais de la mer qui se dévoile à l'horizon éclate une lumière illuminant le paysage.
Je ne doute pas qu'après cette averse il y aura dans le ciel un magnifique arc-en-ciel.

jeudi 19 février 2009

Le coursier est pressé

Hiroshige, Sur la route de Tokaido
7e station : Hiratsuka

Sur la route du Tokaido, je vois au loin le mont Fuji, derrière la bosse arrondie que forme le mont Koma. Je croise un messager qui a l'air drôlement pressé. Mais où court-il donc ? Pourquoi est-il torse nu ?
Parfois, j'ai l'impression que des personnages de mangas modernes se sont échappés de leur bande dessinée pour venir faire de la figuration dans les estampes d'Hiroshige. Ils ont bien raison : dans un tel paysage, on doit se trouver drôlement à son aise... Ne trouvez-vous pas ?

samedi 14 février 2009

L'amour dans les griffes d'un oiseau

Aujourd'hui, c'est la saint Valentin. Je pense que Maître Moun, bien sûr, a oublié. Mais moi, bien que je sois un mouton célibataire à la recherche d'une brebis blanche à gros pis, je n'ai pas oublié !
Alors, spécialement pour mes lecteurs adorés, voici l'idéogramme du mot Amour en langue chinoise :


C'est un beau mot, un beau concept, un beau dessin... mais vraiment pas facile à reproduire !

Cette page est tirée du magnifique album de Lisa Bresner, illustré très joliment par Frédérick Mansot : Un rêve pour toutes les nuits.
Petit Tang ne rêve pas et cela le rend triste. Un jour, il décide d'aller jusqu'au bout de la Grande Muraille pour trouver son rêve pour toutes les nuits. Pour cela, il lui faudra apprendre les mots secrets du rêve.

Dans une autre vie peut-être, je serai calligraphe.

Un rêve pour toutes les nuits Lisa Bresner
Illustrations de Frédérick Mansot
Actes Sud Junior
1999

jeudi 12 février 2009

Allons au temple

Hiroshige - Sur la route du Tokaido
6e relais : Fujisawa
"Yugyôji"

Ce soir, je vais de nouveau passer un pont. Bien m'en fera car, de l'autre côté de ce pont arrondi, il y a un monastère bouddhiste - l'un des plus célèbres de la route du Tokaido.
Espérons que franchir le tori pour faire ce petit pèlerinage me rendra plus zen et que la prière apportera la paix dans mon esprit, ainsi qu'à mes maîtres !

En ce moment, la vie de mes chers Moun ressemble à celle d'employés japonais. Ils travaillent, ils travaillent, et puis travaillent encore. En revanche, le soir, ils ne vont pas au karaoké pour boire du saké avec les collègues. Ils auraient plutôt tendance à se transformer en larve devant la télé (comme la méchante bête qui dort sur le radiateur et qui répond au surnom du Ninja, suivez mon regard !). Et moi, pris dans le mouvement, je fais la même chose...

C'est pour cela que ce que j'écris en ce moment n'a pas grand intérêt. Pardonnez-moi, lecteurs adorés. Dans un mois, peut-être, au moins une partie de la famille Moun aura repris un rythme de travail plus humain. Enfin.

  • Pour commencer au début le voyage du jeudi, c'est par ici.

dimanche 8 février 2009

Sous la peau du loup

Sous la peau du loup, de Choi Juhyun.


Ce manhwa, emprunté un peu au hasard à la bibliothèque, est une énigme. Un titre mystérieux évoquant un loup qui n'apparaît pas en couverture, ni lorsque on feuillette rapidement l'ouvrage ; un auteur dont le nom a des consonances étrangères et dont on en apprend sur le rabat du plat 1 qu'il s'agit d'une jeune sud-coréenne (née en 1978). Et voilà, c'est tout : pas de texte de 4e de couverture, pas d'indications paratextuelles. Rien d'autre : on ouvre les premières pages et on est embarqué dans l'histoire, sans filet ni guidage. Voyage à risques, car dès les premiers dessins le lecteur s'aperçoit que, dans l'univers qui est mis en scène dans cet album, aucune cohérence ni logique ne viennent organiser le récit. Des brides d'histoires - une auteur qui se voit refuser l'accès d'un restaurant, des enfants qui vivent dans un tiroir, des jeunes filles kidnappées enfermées dans un lieu inconnu... - mais, dès qu'on croit comprendre quelque chose, dès qu'on pense percevoir un lien narratif, tout se brise et, sans crier gare, on est projeté dans une autre ébauche de récit.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'auteur de cette bande dessinée met à rude épreuve son lecteur. Tout l'album est comme des images échappées de rêves mis bout à bout. La logique temporelle est abolie : une jeune femme a des fils plus vieux qu'elle, une autre garde la main d'un homme rencontré dans un bar... On ne sait jamais où on en est, où on va et, sans cesse, on erre entre rêves et souvenirs. Je dois avouer qu'il a fallu que je m'accroche pour ne pas abandonner la lecture. Difficile pour le lecteur d'accepter le pacte de lecture proposé par cet album qui bouleverse les règles élémentaires de la narration.

Pourtant, il y a quelque chose de puissant dans cet OVNI littéraire. Le style de dessin tout d'abord : une bande dessinée sans case ni bulle, avec un dessin très simple, à l'encre de Chine. On pense inévitablement à Marjane Satrapi (et puis aussi à l'auteur libanaise Zeina Abirached, publiée par le même éditeur). Sous l'apparent onirisme apparaissent des thèmes politiques : une société militarisée où règnent censure et violence, et surtout un enfermement quasi omniprésent qui semble être le seul lien de tout l'album. En filigrane se dessine une image très personnelle et engagée de la Corée d'hier et d'aujourd'hui.

Un livre exigent et hermétique... qui m'a rebuté plus qu'il ne m'a séduit !

Sous la peau du loup
Choi Juhyun
Editions Cambourakis
2008

jeudi 5 février 2009

Arrivée à l'auberge

Hiroshige, Sur la route du Tokaïdo
5e relais : Totsuka
Embranchement de Motomachi (Motomachi betsudô)

J'arrive à l'auberge, après une longue journée de voyage. Je suis tellement fatigué que je manque de perdre l'équilibre en descendant de mon cheval. La servante m'accueille. J'espère qu'elle m'a préparé un bon repas. Là, pour le moment, je ne pense qu'à une chose : dormir.
Excusez-moi de ne pas être plus prolixe ce soir...
  • Le début du voyage : ici.


mercredi 4 février 2009

Des résolutions bien résolues

Finalement, prendre des résolutions, je vous raconte pas combien c'est efficace ! Imaginez : samedi, à peine deux jours après avoir exposé mes cinq bonnes intentions, je les avais déjà toutes résolues ! Oui, toutes !

Sur un coup de tête de Maître Moun, nous avons improvisé un week-end sur les traces d'Arsène. Du coup, j'ai mis le nez dehors... et puis aussi les pattes et le chapeau.

Et j'ai pris un énorme bol d'air (glacial). Il faisait froid en haut des falaises et les Moun n'en menaient pas large emmitouflés sous leurs bonnets à pompons et dans leurs grands manteaux de laine.

Mais du coup, en deux petits jours, ils ont exaucé la résolution 1...

... et puis aussi la résolution 2 ! L'aventure nous a appelé et au final les chapitres à relire et les travaux à finir pour lundi sont restés bien au fond du sac ! Bon débarras !

Pour la résolution 4, j'ai profité du trajet en voiture pour lire les pages d'introduction du Lonely Planet Corée. J'en sais un peu plus sur ce pays... et je sais aussi que l'auteur de ce guide de voyage ne semble pas avoir beaucoup apprécié cette contrée. Hum hum, pas terribles les clichés et stéréotypes grossiers dans un guide de voyage de cette renommée ! Heureusement, on a reçu la documentation envoyée par l'office de tourisme de Corée et on va pouvoir peut-être avoir des informations un peu plus objectives pour préparer notre voyage ! Y'a plus qu'à...

Quant à la sale bête mentionnée dans la résolution 5, elle n'a pas été admise durant le week-end normand des Moun. Merci à Mamicha et Papicha de m'en avoir débarrassée (ne serait-ce que pour deux jours !). Ah le doux parfum de la liberté !

Et pour la résolution 3, elle n'est encore qu'en forme d'espoir à peine concrétisé. Mais Geisha Line veut y croire et elle surveille ardemment sa boîte à mails ! Qui sait...