jeudi 18 février 2010

Le fou de poésie

Attention, chef d'oeuvre ! Coup de coeur pour un album découvert samedi à la librairie de la Maison du Japon (près de la tour Eiffel) !
Basho, le fou de poésie est un album de Françoise Kérisel, magnifiquement illustré par Frédéric Clément et publié chez Albin Michel. L'album nous invite à suivre une saison dans la vie du poète Basho Matsuo, dans le Japon du XVIIe siècle. Tous les Japonais connaissent Basho : c'est un des plus célèbres poètes de haïkus. Poète, mais aussi voyageur, philosophe et maître du boudhisme zen. Nous le suivons avec l'un de ses plus fidèles disciples, Kikaku. Basho a choisi la poésie et a renoncé à une carrière de samouraï. Il a ainsi choisi de prendre le temps de contempler la vie dans ses plus éphémères manifestations - par exemple un vol de libellule rouge, semblable à un piment.
Le texte en lui-même n'est pas forcément facile (ainsi, les mots japonais ne sont pas expliqués). En cela, je pense que l'album ne s'adresse pas vraiment aux enfants (tout au plus aux grands adolescents).
Mais au-delà du texte, c'est par la forme même des choix éditoriaux que cet album séduit. Le choix d'un format allongé, tout en hauteur, d'un papier épais, avec des pages qu'on ouvre et déplie en largeur, fait de cet album un "beau livre". Les illustrations de Frédéric Clément sont de toute beauté : des fleurs séchées collées, avec un jeu sur les formes et les matières, une mise en valeur par la calligraphie dans un univers inspiré des estampes japonaises. J'ai aimé la description des éléments techniques en début d'ouvrage, comme pour rendre hommage à l'objet fabriqué (nom du papier, des pinceaux utilisés...). J'ai aimé aussi me laisser emporter par la beauté des images.
Beaucoup de trouvailles et de recherches élégantes et raffinées dans ce magnifique ouvrage ! Je vous invite à le découvrir de toute urgence ! En attendant, allez jetez un coup d'oeil au blog de Frédéric Clément, sur lequel on peut lire des tas de haïkus et suivre la réalisation de l'album, avec une jolie collections de fleurs séchées et de plumes.


Basho, le fou de poésie
Françoise Kérisel
Illustrations de Frédéric Clément
Albin Michel
Sorti en octobre 2009
18 Euros

dimanche 14 février 2010

Barbecues d'intérieur

Lors des premiers jours de notre voyage en Corée, nous abordions les moments des repas avec une certaine appréhension. L'overdose de piments rouges dans TOUS les plats de la cuisine coréenne n'était pas vraiment au goût de nos palais. Puis, on a découvert les barbecues coréens, et là, ça a été l'extase (surtout pour Geisha Line, dont l'estomac est habituellement difficile à contenter).

Les barbecues, que les Coréens nomment "bulgogi", ça donnait ça :

ou bien ça :

ou encore ça, avec pleins de petits légumes à faire griller :

Le "bulgogi" est une "viande au feu". Il s'agit en fait de viande marinée que le restaurateur apporte crue sur la table et que le client grille à sa guise sur un barbecue généralement intégré dans la table. La plupart du temps, la viande est du bœuf (on le reconnaissait facilement grâce aux petits dessins de tête de vache devant la devanture de ces types de restaurants !). Mais on trouve aussi du porc. La viande est marinée dans une préparation à base d'huile de sésame, de sauce soja, d'alcool de riz et parfois d'un peu de jus de poire. On trempe ensuite la viande grillée dans une sauce à base de sauce soja.
Le tout s'accompagne de tout un tas de petits plats (avec le premier d'entre eux : le kimchi, of course !). En Corée, on nous servait la viande avec de grandes feuilles de salade et, histoire de faire un peu comme les locaux, on s'est exercé à glisser la viande dans la feuille de salade et à manger ainsi avec nos doigts.

Bref, les barbecues coréens, c'était vraiment top !

Pourtant, on a attendu presque un an avant de tenter l'expérience d'un barbecue coréen à Paris.
Samedi soir, on s'est ainsi retrouvés dans un restau coréen de Montparnasse.
Il y avait les tables avec planches à grillades intégrées, tout comme en Corée, ainsi que la viande délicieusement marinée. Cela a donné ça :
C'est comme moins appétissant qu'en Corée, n'est-ce pas ?! Les franco-Coréens sont moins généreux. Au lieu de la multitude de petits plats, on a eu droit dans notre menu à une petite soupe, une petite salade toute simple et un petit plat de bibimbap. Le bibimbap est un plat très populaire en Corée : il s'agit d'un bol de riz dans lequel on mélange plusieurs ingrédients - légumes, oeufs, algues, viande... En Corée, c'est en général servi comme un plat à part entière. Là, la part était moins copieuse et il s'agissait d'un accompagnement.
Pas de kimchi ni de piment dans notre barbecue parisien. On ne va pas s'en plaindre, certes, mais on voit bien que la cuisine a été adaptée aux palais français !

Comme mes maîtres ne font rien à moitié, ils ont testé également le cousin japonais du bulgogi : le yaki-niku. La sortie culinaire a eu lieu dans LA rue japonaise de Paris : rue Sainte-Anne, dans un restau affiché comme "barbecue japonais".
Pas de grande différence avec son homologue coréen. Le menu était à peu près équivalent (viande à griller, soupe, salade, bibimbap). Par contre, cette fois-ci on a eu le droit aux piments dans le riz !
Maître Moun a dit que les deux barbecues n'étaient "pas du tout pareil" (je cite). Mais Geisha Line est restée sceptique sur cette opinion. A vrai dire, les Japonais ont copié la recette du barbecue coréen et l'ont très légèrement adoptée à leur goût.

En tous les cas, la prochaine résolution des Moun est d'acheter un appareil à barbecue (on en trouve facilement dans les boutiques asiatiques du quartier Opéra) et d'essayer la recette à la maison... (bonjour les odeurs !)

Sinon, dites-moi, vous connaissez de bonnes adresses de barbecues coréens à Paris ?

  • Recettes du bulgogui trouvée ici et ici (mais pas testées !)

jeudi 11 février 2010

L'hiver sans fin

"Première neige -
ce que j'écris se perd
ce que j'écris s'efface"
Chiyo-ni (1703-1775)

"Neige violente -
tant de choses à écrire
encore"
Hashimoto Takako (1899-1963)


Hiroshige - Sur la route du Tokaïdo
50e relais : Minakuchi
"Spécialités de calebasse séchées" (Meibutsu kampyô)


C'était l'estampe du jeudi. Mais celle du 46e relais de la route du Tokaïdo aurait été davantage d'actualité.