Certaines personnes, restées en France, nous demandent : "Et pour les transports, vous avez fait comment au Japon ? Vous avez loué une voiture ?" Ah Grands Dieux, non ! On a pris le train ! Préférer la voiture au train nous aurait fait passer à côté de bien des aspects du Japon.
A la base, mes maîtres aiment les voyages en train. Il y a certainement dans l'attrait de Maître Moun pour le voyage ferroviaire une petite nostalgie de l'enfance et des circuits circulaires de trains électriques miniatures. Quant à Geisha Line, depuis qu'elle avait lu le roman policier de Seicho Matsumoto, Tokyo Express, dont l'enquête est entièrement articulée autour des horaires de trains, elle ne se voyait pas aller au Japon sans prendre le plus de trains possibles !
Maître Moun et Geisha Line n'ont pas été déçus de leur expérience ferroviaire. On dit que les trains japonais ne sont jamais en retard. Je ne sais pas si c'est exact, mais à vrai dire la fréquence des transports sur chaque ligne est telle qu'un voyageur ne peut ressentir les mauvaises conséquences d'un retard. Il nous suffisait de nous présenter au guichet de la gare et nous étions sûrs d'avoir un train partant dans l'heure suivante. Rien à voir avec la SNCF où il faut réserver des jours à l'avance ! En tant qu'étrangers, nous bénéficions en outre du JR-Pass qui nous a permis de voyager à moindres frais et de pouvoir prendre à l'envi le shinkansen, train à grande vitesse, sans débourser un sou (outre le forfait payé depuis la France, bien sûr !).
Ainsi, nous avons pris toutes sortes de trains. Maître Moun voulait tous les photographier, pour sa collection de trains. Certains conducteurs ont posé fièrement devant leur locomotive, sous l'œil enthousiaste du petit Français :
On aurait presque pu dire que Maître Moun s'est révélé être un vrai densha otaku (= fan de train)... mais tout de même pas autant que certains blogueurs !
Il est vrai que le Japon est "l'empire du rail". Chaque train est différent et pas un seul ne se ressemble. Impossible de les prendre tous en photos, même si certains irréductibles s'y sont essayés. Nous avons pris des petits trains, blancs et rouges, à la vision panoramique, comme celui de la Dentetsju Line, nous amenant à Yudanaka :
Non, Maître Moun n'en était pas le conducteur, mais celui-ci se trouvait au-dessus des passagers, laissant toute l'avant du train aux passagers chanceux.
Nous avons également admiré le paysage dans de petits trains aux wagons joliment décorés, comme le train qui nous a menés dans la petite gare de Bessho :
Les Français sont persuadés qu'ils ont les meilleurs TGV du monde. Quand on va au Japon, on comprend que cette opinion est un effet de l'orgueil tricolore ! Les TGV nippons n'ont pas grand chose à envier aux trains à grande vitesse français. Ils sont trois fois plus confortables, permettant au passager d'avoir tout l'espace nécessaire pour déplier ses pieds :
Le comble du confort consiste même à avoir conçu un système automatisé permettant aux sièges des wagons de se retourner à chaque fois que le train change de sens : les voyageurs sont ainsi toujours assis dans le sens de la marche !
Toutefois, il est vrai qu'il y a beaucoup de vibrations dans le shinkansen. Les pages toutes raturées de Geisha Line qui essayait en vain de rattraper le retard de son carnet de voyage en écrivant dans le train en témoignent !
Avant de partir, on avait quelques appréhensions : arriverions-nous à nous repérer dans les gares japonaises ? En fait, les déplacements en train nous ont paru extrêmement simples. Certes, le fait qu'on soit Parisiens et habitués à l'imbroglio des métros des grandes villes nous a aidés. Mais par ailleurs tout est fait au Japon pour guider presque à l'extrême le passager. Tout d'abord - et heureusement pour nous - tout est traduit en alphabet romain. Il est vrai pourtant que dans les toutes petites gares, il faut parfois chercher l'unique endroit où le nom de la station est inscrit en lettres de notre alphabet. Il nous est ainsi arrivé de tomber sur des écriteaux comme celui-ci :
Mais si on n'arrivait pas à lire les noms, il y avait toujours une voix dans un haut-parleur indiquant le nom de la prochaine station. Au Japon, le guidage est avant tout sonore. Il y a toujours des tas de voix qui parlent et qui racontent des tas de choses. Dans les grandes villes, comme à Tokyo, les messages sont partiellement traduits en anglais :
Je dis "partiellement", car en général le message japonais dure deux ou trois fois plus longtemps que sa prétendue traduction en anglais. Enigme des choix de traduction... (ou comment avoir l'impression qu'on ne juge pas nécessaire de dire tout au Gaijin !)
Les indications parlées s'accompagnent généralement de petites musiques. Après quelques jours à Tokyo, nous connaissions par cœur la petite musique entraînante de la JR Line. C'est non sans une certaine nostalgie que je l'ai retrouvée sur ce site... à écouter en boucle si on veut avoir l'impression d'être encore au Japon !
Autant que l'empire des signes, le Japon est l'empire des sons. Impossible de se promener en ville sans entendre des tas de bruits différents. Dans les grandes cités, on a l'impression que les gens ne se parlent pas, tant ils sont absorbés par leurs écrans (de téléphone, de pachinko, de télévision portative...), mais que la ville entière est parsemée de messages en tout genre. Ainsi au Japon, les machines parlent parfois plus que les humains : la machine à délivrer des billets, la baignoire (si si, notre baignoire à Kyoto parlait !), l'appareil à commander son menu dans certains restaurants... Pour nous, étrangers, toutes ces phrases indéchiffrables n'étaient qu'une suite de mots incompréhensibles (il nous aurait fallu la traduction, comme on la trouve sur ce site). Et pour les Japonais, écoutent-ils tous ces messages, ou bien ne font-ils que constituer une couverture sonore envahissant la ville ? Il y aurait de quoi là faire une étude approfondie... ah, mais on dirait que c'est déjà fait !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire