Je disais hier que les Japonais vivent la religion sur un mode ludique. C'est particulièrement frappant avec l'exemple des petits papiers qu'on nomme omikuji. La première fois que nous sommes entrés dans un temple bouddhique et un sanctuaire shinto, nous n'avions jamais entendu parler des omikuji. Nous avons donc été surpris lorsque nous avons vu tous ces morceaux de papier blanc accrochés sur les fils d'un grand panneau, dans un coin du sanctuaire :
Comme à chaque fois qu'au Japon nous nous sommes retrouvés devant une coutume en apparence insolite, nous avons pris le temps d'observer les gens et leurs gestes pour en comprendre le fin mot. Nous avons pu constater ainsi ce rituel : après avoir versé quelques centaines de yens, les personnes secouaient une boite allongée, y piochaient un numéro et l'homme ou la femme se trouvant à la "boutique" du sanctuaire ouvrait un petit tiroir et en tirait un long papier blanc, couvert de signes. Les Japonais lisaient avec attention ce papier, souvent en riant ou du moins en souriant, puis soit le pliaient et le gardaient dans leur poche, soit allaient le suspendre à un arbre ou à un vaste tableau, déjà recouvert de papiers pliés. Nous avons rapidement compris que sur ces papiers il devait y avoir des prédictions. Mais le mystère restait entier quant à savoir ce qu'il y avait d'inscrit précisément sur ces bandes de papier.
C'est une amie de Geisha Line qui nous a expliqué en détail le rituel, en le réalisant devant nous et en traduisant les inscriptions du papier. Celui-ci annonce la bonne ou au contraire la mauvaise fortune à celui qui l'a tiré au sort. On trouve plusieurs prédictions, présentées en ordre décroissant, dont une seulement est cochée :
Daikichi (très très bon)
Chukichi (très bon)
Kichi (bon)
Suekichi (bon mais tardif)
Syokichi (ni bon ni mauvais)
Kyou (mauvais)
Daikyou (très mauvais)
Si l'oracle nous a annoncé une bonne nouvelle, on garde le papier et on peut le mettre dans ses affaires, comme une amulettes. Si au contraire la prédiction est de mauvaise augure, on l'accroche à un arbre pour que le mauvais sort soit déjoué.
Ce jour-là, notre amie avait tiré le présage "kichi". Elle voulait s'en débarrasser. Étonnés, nous lui avons dit que "bon" c'était déjà pas si mal, même si ce n'était pas un destin "très très bon" qui était annoncé. Finalement, elle a plié le papier et l'a gardé dans sa poche. Soyons pragmatiques, comme mes maîtres : pourquoi bouder un bonheur, même s'il est tout tout petit ?
J'ignore ce que deviennent les omikuji suspendus aux arbres des temples : finissent-ils brûlés par les prêtres lorsqu'il commence à y avoir surproduction de papier ? Même question pour les plaquettes de bois que sont les ema. Et puis surtout, la question que je me pose est celle-ci : les Japonais croient-ils vraiment à toutes ces superstitions ? Car au fond, ne sommes-nous pas là dans le même registre que l'horoscope de Marie-Claire ?! J'imagine que chacun y croit quand ça l'arrange, non ?
En tout cas, si vous voulez tenter vous aussi l'expérience et que vous n'avez pas les sous pour aller jusqu'au Japon, vous pouvez jouer à la loterie sacrée sur Internet en allant sur ce site (en anglais). Alors, la chance est avec vous ?
- Les omikuji sur Wikipedia.
- Le descriptif complet des omikuji avec des tas de photos. On y voit que même pour tirer au sort les omikuji, les Japonais ont inventé des machines rigolotes !
2 commentaires:
Merci pour le lien vers Cyber Shrine / Omikuji, que je ne connaissais pas. Fous rires garantis si on y joue à plusieurs
C'est plus marrant les vrais Omikuji... mais à défaut, on est bien obligé de se contenter d'internet !
Merci de ton passage par ici !
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