vendredi 6 juin 2008

Des flocons d'ouate dans le ciel

Voici un petit moment que je n'ai pas parlé de mes lectures. Ce n'est pas que je n'ai rien lu ces derniers temps, mais c'est plutôt que mes lectures m'ont éloignée du Japon pour me ramener complètement en France, pendant la Seconde guerre mondiale (émouvant journal d'Hélène Berr) ou dans un panorama mi-sociologique, mi-autobiographique de ces soixante dernières années (excellent récit d'Annie Ernaux retraçant Les Années).

Toutefois, j'ai fait tout de même un petit détour par le Japon du début du siècle avec le roman autobiographique d'Inoue Yasushi, Shirobamba. Inoue Yasushi (1907-1991) est un grand auteur japonais, connu en particulier pour plusieurs récits historiques. Dans Shirobamba, il retrace le quotidien d'un petit garçon, nommé Kôsaku, au début des années 1920, dans un petit village de montagne. Le récit est largement inspiré de son enfance et empreint d'une douce nostalgie. Le petit Kôsaku vit avec Onui, la maîtresse de son arrière grand-père, une ancienne geisha. Même si l'enfant et la vieille dame n'ont aucun lien génétique, une grande affection les unit, contribuant à rendre l'enfance du petit garçon légère et joyeuse, malgré la pauvreté et l'extrême ruralité de la vie. Tout est vu à travers le regard de l'enfant qui partage avec nous ses émotions impalpables et sa découverte du monde des adultes. Le roman est composé d'une série de petites scènes qui nous plongent dans un Japon qui, aujourd'hui, n'existe plus et que la distance du temps rend presque rêvé.

L'histoire de Kôsaku est si émouvante que ça m'a donné envie de continuer à le voir grandir et de le retrouver avec sa vieille grand-mère. Cela tombe bien car ce récit a une suite, au nom du héros. Kôsaku m'attend sur ma pile de livres à lire !

Ah, au fait, vous ne savez pas ce que signifie "shirobamba" ? L'explication se trouve dans l'incipit du roman. Toutefois, il semble que la traductrice a renoncé à trouver l'équivalent français. S'agit-il de lucioles ?

Extrait :
« C'était pendant la quatrième ou cinquième année de l'ère Taishô, il y a donc environ quarante ans. Les enfants avaient l'habitude, le soir, de courir çà et là sur la route du village en criant "Les shirobamba ! les shirobamba !" Ils poursuivaient ces petites bêtes blanches qui flottaient comme des flocons d'ouate dans le ciel commençant à se teinter des couleurs du crépuscule. »
Shirobamba
Inoue Yasushi
2 traductions disponibles : Rose-Marie Fayolle (Denoël) et Anne Rabinovitch (Folio Gallimard)

  • Sur l'auteur, Yasushi Inoue
  • Présentation de l'éditeur (texte de 4e de couverture) sur le site Shunkin

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