Ce n'est pas que je veux paraître ne lire qu'un seul auteur de manga (et un auteur particulièrement à la mode chez les Français, qui plus est), mais bon voilà, je me suis encore plongé dans la lecture de Jirô Taniguchi. Et comme à chaque fois, je n'ai pas pu lâcher le livre avant d'arriver à la dernière page !
Pourtant, il s'agissait d'albums un peu différents que ceux que j'ai déjà lus : non pas une longue histoire, mais de petites nouvelles, très courtes, et avec des personnages différents. Terre de rêves et L'orme du Caucase ont tous les deux été publiés dans la collection "Ecritures" de Casterman, en 2004-2005, alors que ces deux recueils ont été initialement édités au Japon en 1992-1993.
Terre de rêves réunit des histoires d'animaux. Si les quatre premières nouvelles forment un ensemble, la dernière, "La Terre de la promesse", est un peu à part (l'éditeur l'a-t-il incluse pour étoffer l'album et faute de savoir où la caser ?). Le recueil s'ouvre sur les derniers jours de la vie d'un chien devenu vieux et sur la lente agonie à laquelle sont confrontés ses maîtres aimants. On ne peut pas dire que ce soit très gai ! Et comme je suis un mouton hyper sensible et que la misère animale de mes congénères me touche plus que de raison, j'ai lu cette première nouvelle avec les larmes au bord des yeux ! Les nouvelles qui suivent sont plus joyeuses et racontent l'arrivée chez le même couple d'une chatte persane qui ne va pas tarder à avoir des petits (damned, le genre félin se reproduit ! mais heureusement ce chat-là n'a pas l'air de s'en prendre aux moutons, comme un autre que je fréquente...).
Geisha Line a retrouvé dans ces petites histoires toutes simples bien des habitudes de maîtresse attentionnée et c'est cela qui l'a touchée elle aussi. Pourtant, en lisant quelques critiques sur Internet, je me suis aperçu que Terre de rêves était loin de faire l'unanimité. Ainsi, un commentateur du site Bulle d'air démolit complètement cet album et va jusqu'à dire que "la narration est pataude, les péripéties totalement vides et le référentiel du récit, ne variant jamais, à côté de la plaque". C'est vrai qu'il ne se passe pas grand chose dans ces nouvelles et que tout tourne autour des animaux domestiques et de leur quotidien (donc forcément aussi de leurs problèmes de pipi-caca). Les deux maîtres paraissent obsédés par leur chien, puis par leurs chats et font preuve d'un amour un peu béat qui peut paraître excessif à ceux qui n'ont jamais vécu avec un animal domestique. Il est probable qu'il faut avoir vu un animal avec qui on a partagé un bout de sa vie mourir dans ses bras pour comprendre combien le chagrin de le perdre est grand et nous dépasse.
Et pourtant, quand on y réfléchit, ces histoires d'animaux ne sont-elles pas prétextes à des thèmes bien plus universels que la simple relation homme/animal ? Sous-jacente, il y a une vraie réflexion sur la vieillesse et la nécessité d'accepter la fin de vie. Je pense ici par exemple à l'épisode de la vieille femme disant au chien que le temps est venu pour lui de mourir : "C'est qu'on n'arrive pas à mourir comme on voudrait, eh oui, ce n'est pas si facile de mourir. Il ne suffit pas d'avoir envie, ça ne se passe pas comme on voudrait..." (pages 32-33). Car au fond, la mort d'un animal domestique ne nous met-elle pas face à notre propre mort et à notre complète incapacité à la contrôler ? Il y a également dans l'amour du couple pour leurs animaux et dans l'émotion qu'ils ont à recevoir leur petite nièce ("Quelques jours à trois") un questionnement subtil : comment être un couple sans enfant et à qui donner de cet amour qu'on ne pourra pas faire rejaillir sur ses descendants ?
Mais ne tombons pas dans un sentimentalisme excessif ! Ce qui m'a plu également dans cet album, c'est comme à chaque fois la façon dont Taniguchi a de dessiner les intérieurs japonais. Mais je dois avouer qu'en lisant ces pages sur les petits chatons qui courent partout sur les tatamis, je me suis posé une question essentielle : comment font les Japonais qui ont à la fois des chats et un sol en tatamis ? A mon avis, les tatamis doivent se transformer en paradis de la griffure, ce qui procure au chat une joie indicible... et fait vivre à ses maîtres un enfer ! Je vis avec un chat qui adore gratter les tapis persans ultra chers, alors j'en sais quelque chose ! Ne me dites pas que les chats japonais sont si disciplinés qu'ils ne lèvent pas le bout de leur griffe sur le beau tatami de paille de riz... car je ne vous croirai pas !
Le recueil L'orme du Caucase n'est pas aussi marqué par un thème unificateur. Mais on trouve dans ces nouvelles inspirées de Ryuichiro Utsumi des thèmes récurrents chez Taniguchi : la difficulté de maintenir le lien familial, le passé et son flot de non-dits et d'échecs qui viennent envahir le présent, la recherche de l'enfant éloigné ("La petite fille à la poupée") ou du frère perdu de vue ("Le parapluie"). Ce sont toujours des histoires de famille dans lesquelles la parole semble avoir manqué et dont le silence a brisé les liens, avant que les personnages ne se mettent à reconquérir leurs souvenirs en osant à nouveau affronter les ombres du passé.
Papicha, à qui Geisha Line a fait lire ce manga, a trouvé ces histoires assez naïves, presque enfantines, tant elles lui ont paru moralisatrices. Est-ce parce que Papicha lisait là un manga pour la première fois et n'était pas habitué à lire des histoires dans des images ? Au fond, c'est la simplicité des histoires qui a plu à Geisha Line... et c'est justement cette simplicité qui a décontenancé Papicha. Question de points de vue ou d'expériences ?
Terre de rêves réunit des histoires d'animaux. Si les quatre premières nouvelles forment un ensemble, la dernière, "La Terre de la promesse", est un peu à part (l'éditeur l'a-t-il incluse pour étoffer l'album et faute de savoir où la caser ?). Le recueil s'ouvre sur les derniers jours de la vie d'un chien devenu vieux et sur la lente agonie à laquelle sont confrontés ses maîtres aimants. On ne peut pas dire que ce soit très gai ! Et comme je suis un mouton hyper sensible et que la misère animale de mes congénères me touche plus que de raison, j'ai lu cette première nouvelle avec les larmes au bord des yeux ! Les nouvelles qui suivent sont plus joyeuses et racontent l'arrivée chez le même couple d'une chatte persane qui ne va pas tarder à avoir des petits (damned, le genre félin se reproduit ! mais heureusement ce chat-là n'a pas l'air de s'en prendre aux moutons, comme un autre que je fréquente...).
Geisha Line a retrouvé dans ces petites histoires toutes simples bien des habitudes de maîtresse attentionnée et c'est cela qui l'a touchée elle aussi. Pourtant, en lisant quelques critiques sur Internet, je me suis aperçu que Terre de rêves était loin de faire l'unanimité. Ainsi, un commentateur du site Bulle d'air démolit complètement cet album et va jusqu'à dire que "la narration est pataude, les péripéties totalement vides et le référentiel du récit, ne variant jamais, à côté de la plaque". C'est vrai qu'il ne se passe pas grand chose dans ces nouvelles et que tout tourne autour des animaux domestiques et de leur quotidien (donc forcément aussi de leurs problèmes de pipi-caca). Les deux maîtres paraissent obsédés par leur chien, puis par leurs chats et font preuve d'un amour un peu béat qui peut paraître excessif à ceux qui n'ont jamais vécu avec un animal domestique. Il est probable qu'il faut avoir vu un animal avec qui on a partagé un bout de sa vie mourir dans ses bras pour comprendre combien le chagrin de le perdre est grand et nous dépasse.
Et pourtant, quand on y réfléchit, ces histoires d'animaux ne sont-elles pas prétextes à des thèmes bien plus universels que la simple relation homme/animal ? Sous-jacente, il y a une vraie réflexion sur la vieillesse et la nécessité d'accepter la fin de vie. Je pense ici par exemple à l'épisode de la vieille femme disant au chien que le temps est venu pour lui de mourir : "C'est qu'on n'arrive pas à mourir comme on voudrait, eh oui, ce n'est pas si facile de mourir. Il ne suffit pas d'avoir envie, ça ne se passe pas comme on voudrait..." (pages 32-33). Car au fond, la mort d'un animal domestique ne nous met-elle pas face à notre propre mort et à notre complète incapacité à la contrôler ? Il y a également dans l'amour du couple pour leurs animaux et dans l'émotion qu'ils ont à recevoir leur petite nièce ("Quelques jours à trois") un questionnement subtil : comment être un couple sans enfant et à qui donner de cet amour qu'on ne pourra pas faire rejaillir sur ses descendants ?
Mais ne tombons pas dans un sentimentalisme excessif ! Ce qui m'a plu également dans cet album, c'est comme à chaque fois la façon dont Taniguchi a de dessiner les intérieurs japonais. Mais je dois avouer qu'en lisant ces pages sur les petits chatons qui courent partout sur les tatamis, je me suis posé une question essentielle : comment font les Japonais qui ont à la fois des chats et un sol en tatamis ? A mon avis, les tatamis doivent se transformer en paradis de la griffure, ce qui procure au chat une joie indicible... et fait vivre à ses maîtres un enfer ! Je vis avec un chat qui adore gratter les tapis persans ultra chers, alors j'en sais quelque chose ! Ne me dites pas que les chats japonais sont si disciplinés qu'ils ne lèvent pas le bout de leur griffe sur le beau tatami de paille de riz... car je ne vous croirai pas !
Le recueil L'orme du Caucase n'est pas aussi marqué par un thème unificateur. Mais on trouve dans ces nouvelles inspirées de Ryuichiro Utsumi des thèmes récurrents chez Taniguchi : la difficulté de maintenir le lien familial, le passé et son flot de non-dits et d'échecs qui viennent envahir le présent, la recherche de l'enfant éloigné ("La petite fille à la poupée") ou du frère perdu de vue ("Le parapluie"). Ce sont toujours des histoires de famille dans lesquelles la parole semble avoir manqué et dont le silence a brisé les liens, avant que les personnages ne se mettent à reconquérir leurs souvenirs en osant à nouveau affronter les ombres du passé.
Papicha, à qui Geisha Line a fait lire ce manga, a trouvé ces histoires assez naïves, presque enfantines, tant elles lui ont paru moralisatrices. Est-ce parce que Papicha lisait là un manga pour la première fois et n'était pas habitué à lire des histoires dans des images ? Au fond, c'est la simplicité des histoires qui a plu à Geisha Line... et c'est justement cette simplicité qui a décontenancé Papicha. Question de points de vue ou d'expériences ?
Terre de rêves
Jirô Taniguchi
Casterman
Collection "Ecritures"
2005 (paru en 1992 au Japon)
L'orme du Caucase
Jirô Taniguchi et Ryuichiro Utsumi
Casterman
Collection "Ecritures"
2004 (paru en 1993 au Japon)
- Sur Terre de rêves : des critiques sur le site Scénario.com.
- Sur L'orme du Caucase : l'avis de BD Paradisio et de Krinein.
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