Geisha Line a ramené du Japon quantité d'objets Hello Kitty. Elle les a trouvés pour la plupart dans des 100 yen shops, c'est-à-dire que les babioles Hello Kitty coûtaient environ 60 centimes d'euros. Alors forcément, c'était un bon prétexte : "Regarde, Moun, c'est pas cher ce ravissant drapeau rose Hello Kitty et ça prend pas de place dans la valise !", l'entendais-je susurrer à son mari dans les boutiques. Belle excuse ! Ainsi, maintenant, pour entrer dans le bureau de Geisha Line, il faut pousser une porte qui annonce la couleur :
Ne parlons pas non plus des petits tampons encreurs à l'effigie du chaton ou des baguettes pour manger le riz... Geisha Line fait même sa fière désormais, dans son tee-shirt acheté dans une boutique d'Akihabara. La voici le lendemain de son achat, à Moto-Hakone, devant le mont Fuji (rien que ça !) :
Mais Geisha Line a fait bien pire ! Elle a ramené de quasiment chacune des villes qu'elle a traversées un petit porte-clé montrant Kitty devant un élément du lieu touristique visité. Ainsi, il y a Hello Kitty dans un oeuf noir d'Howakudani (en souvenir de ces oeufs frais qu'on peut faire durcir en les posant sur les effluves brûlantes de la montagne), Hello Kitty sur la tête du grand Bouddha de Kamakura, Hello Kitty devant le Kinkaku-ji doré de Kyoto, Hello Kitty devant le tori de Miyajima... et j'en passe ! Au Japon, il est courant de s'acheter ainsi un petit objet représentant l'endroit visité, pour l'accrocher à son portable. Je crois même que c'est une habitude aussi répandue que l'achat des cartes postales en Europe.
Geisha Line, de retour en France, ne sait pas très bien ce qu'elle pourrait bien faire de tous ces porte-clés... En attendant, ils servent d'attrape-chat (le vrai chat de la maison, Mina le Ninja) près de l'ordinateur.
Geisha Line s'étonne elle-même de succomber ainsi, comme une débutante, à un pur objet marketing, objet d'une furieuse mode planétaire. Comme tout le monde pourtant, elle ne peut s'empêcher de trouver Hello Kitty "kawaï" (= mignon). Pourquoi donc ?
Je ne sais pas comment expliquer le succès de ce petit chat blanc qui a un noeud accroché sur son oreille gauche. Hello Kitty est née en 1974, dans l'imagination d'un styliste de Sanrio, grande société à qui l'on doit une multitude de petits personnages analogues. On dit (sur ce site de fans) que le patronyme anglo-saxon s'expliquerait par le grand succès de la mode anglaise auprès des petites Japonaises dans les années 1970. Le nom de "Kitty" serait également un rappel du nom du chat d'Alice dans le roman de Lewis Carroll. Le succès d'Hello Kitty n'a fait que grandir au fil des années, au Japon, mais aussi en Europe et aux Etats-Unis. Il a inspiré toute une foule d'objets "goodies", depuis le simple sac ou les stylos jusqu'au yukata, au lecteur MP3, et même la carte bleue ! La marque Sanrio est un modèle d'action marketing réussie inégalé. Il y aurait plus de 22 000 produits, représentant la moitié des revenus de Sanrio qui s'élèvent à environ 1 milliard d'euros par an. Depuis quelques semaines, Hello Kitty est même devenue officiellement l'ambassadrice du tourisme au Japon et en Chine. Le but est de promouvoir les visites, selon le Ministère de l'aménagement du territoire, l'équipement, des transports et du tourisme, qui, pour la première fois, a promu un personnage imaginaire au statut de représentante officielle. Est-ce à dire qu'au Japon on va voir Hello Kitty encore plus souvent qu'aujourd'hui ? (sous-entendu : est-ce possible tant elle a déjà envahi tout l'univers commercial !)
Alors, pourquoi tant de succès ? Ses créateurs avancent l'argument que c'est l'absence de bouche dans le dessin d'Hello Kitty qui la rend si mignonne. Elle ne sourit jamais, mais n'est jamais triste ou en colère : on peut prêter toutes les émotions à ce visage au graphisme ultra simple (gros traits de contours, prédominance du blanc et du rose, stéréotype des personnages pour enfants). Sans doute représente-t-elle dans l'imaginaire (essentiellement féminin, il faut l'avouer) l'archétype d'un bonheur et d'une joie simples et sans arrière pensée. Hello Kitty ne fait rien, ne parle pas, ne pense à rien. Elle est un visage éternellement identique à lui-même, ne prenant aucune ride, et ne cessant de charmer les âmes voulant rester enfants. C'est une image simple et légère de l'enfance. Dans le monde d'Hello Kitty, tout le monde est heureux et gentil. C'est un peu le pays de Oui-oui, le kitch en plus, mais avec une animalisation qui permet une plus grande identification.
C'est mon explication. Elle vaut ce qu'elle vaut et est peut-être aussi simpliste que le visage de Kitty. C'est un sujet qui mériterait d'être approfondi : à quand la Mythologie à la Barthes de la kawaï Hello Kitty ?
- Pour tout connaître de la vie d'Hello Kitty et apprendre par exemple qu'elle a une soeur jumelle, Mimmy, qui se reconnaît par la position inversée de son noeud à l'oreille, aller sur ce site de fans.
- Pour voir quelques produits Hello Kitty classés par genre et participer à des concours de création Hello Kitty, aller sur ce blog.
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