En bons consommateurs, après avoir fait leurs achats, mes maîtres se sont rendus à la cafétéria d'Ikéa pour déjeuner. Devant une assiette de saumon fumé à l'aneth (histoire de rester dans l'ambiance scandinave), Geisha Line s'est exclamée que visiter Ikéa lui donnait sacrément envie de se rendre en Suède et elle s'est demandée si le ministère du tourisme suédois avait des intérêts dans la célèbre marque de magasins d'ameublement. Car quand on y pense, les magasins Ikéa ne sont-ils pas de convaincants ambassadeurs de la Suède dans le monde entier ? A part ABBA, Björn Borg et Ingmar Bergman, que connaît-on d'autre de la Suède, hormis l'image simple et fonctionnelle véhiculée par le vendeur de meubles ? Moi-même, sans le logo d'Ikéa, je ne sais pas si je saurais dire quelles sont les couleurs du drapeau suédois...
Maître Moun a accepté de donner un coup de main à Mina, mais celle-ci n'a pas dérogé à son rôle de contremaître et a pris tous les risques pour vérifier la qualité du travail de son ouvrier.
Bref, pendant que Mina bricolait, j'ai eu tout le loisir de me poser des questions existentielles : quid de Ikéa au Japon ? A priori, j'aurais dit que la marque Ikéa aurait tout pour plaire aux Japonais : on retrouve chez les meubles du Suédois le même goût japonais pour la simplicité, la prédominance des matières naturelles comme le bois travaillé de façon épurée, et la recherche de solutions ingénieuses pour un habitat petit et confiné. Apparemment, je suis loin d'être seul à avoir fait cette analyse, puisque Tommy Kullberg, patron d'Ikéa Japan, est arrivé aux mêmes conclusions (voir cet article). Mais une petite recherche sur Internet m'a permis d'apprendre que le coup de foudre entre Ikéa et les Japonais n'avait pas été immédiat. Aujourd'hui, le groupe Ikéa, fondé en 1943, est implanté dans 34 pays avec 220 magasins dans le monde (voir l'historique sur leur site), mais il ne s'est installé au Japon que récemment, avec une première boutique ouverte à l'est de Tokyo en avril 2006. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour se lancer à l'assaut du gigantesque marché japonais ? A vrai dire, Ikéa avait déjà tenté de s'implanter au Japon au milieu des années 1980. Mais l'expérience s'était soldée par un échec, sans doute faute d'une bonne compréhension des attentes du public nippon. Vingt ans plus tard, Ikéa a accepté d'adapter son catalogue en fonction de certaines caractéristiques du marché japonais et a par exemple revu à la baisse la taille de certains de ses meubles (car évidemment les lits de 2,50 mètres de long ne correspondaient pas à la taille moyenne d'un couple de Japonais !). Les moeurs japonaises ont elles aussi évolué et il n'est plus si choquant pour un Japonais d'avoir à se servir et à monter soi-même son meuble, comme le veut le concept même de l'ameublement en kit.
Dommage, car le design suédois à la sauce japonaise m'aurait bien plu : mes maîtres auraient ainsi pu enfin trouver une table basse à la bonne hauteur, adaptée aux sièges qu'ils ont ramenés du Japon. Car pour le moment, lorsqu'ils s'assoient sur leurs chaises japonaises, mes maîtres ont directement la tête au niveau du haut de leur table basse française... ce qui leur donne une attitude plutôt bestiale lorsqu'ils ont l'idée de dîner assis par terre, à la Japonaise !
- Le marketing Ikéa à la sauce japonaise y va à fond : le lancement d'un magasin sur l'île artificielle de Port Island avec l'aménagement d'un train à la mode Ikéa.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire