Le premier album s'intitule Le Cercle du suicide, d'Usamaru Furuya, publié chez Sakka (Casterman). Le manga s'ouvre sur une scène violente, difficilement soutenable : à la station Shinjuku, à Tokyo, 54 jeunes lycéennes se jettent du quai sous le métro entrant en gare. Des jolies jeunes filles en uniformes, il ne reste plus que leurs cadavres sanglants et déchiquetés. Le mangaka ne pratique pas l'ellipse et nous donne à voir la scène du suicide collectif. Personnellement, j'ai vite tourné la page pour ne pas trop attarder mon regard sur ces images morbides (je suis un mouton sensible et émotif !). Dans ce carnage, une adolescente est survivante : Saya. La jeune Saya a du mal à accepter la situation et elle s'enferme encore plus dans son mal-être. Mais elle retrouve une énergie de vie en devenant à son tour, comme l'avait été sa camarade Mitsuko, sorte de gourou d'un nouveau "cercle du suicide" et en rassemblant d'autres jeunes lycéennes perdues, pour qui elle apparaît comme un modèle. Les suicides sont un cercle sans fin duquel on ne peut sortir vivant...
L'héroïne s'appelle Yumi. Elle a 22 ans. Le jour, elle est employée de bureau et la nuit elle est call-girl pour arrondir ses fins de mois et ramener assez d'argent pour nourrir le vorace animal de compagnie qu'elle élève dans son salon : un crocodile ! Autour d'elle gravitent des personnages presque aussi déjantés qu'elle - Keiko, sa petite soeur capricieuse ; Haruo, l'amant de sa belle-mère qui va devenir son petit-ami ; ou encore sa marâtre, aussi machiavélique que la belle-mère de Blanche-Neige.
Le personnage de Yumi décontenance tant elle est originale et imprévisible. Il en est de même pour l'album qui ne cesse d'adopter des directions différentes et de bousculer son lecteur en changeant les points de vue et les narrateurs. L'ensemble est foisonnant et brouillon en même temps, comme le trait de la dessinatrice qui est souvent lâche et imprécis. Des thèmes graves, comme la prostitution et la solitude citadine, sont traités avec insouciance. Le sexe est très présent et montré sans tabou ni pudeur. Parodie de conte de fée ? Portrait réaliste de la jeunesse féminine ? Histoire d'amour ? Pink est tout cela en même temps sans vraiment vouloir se limiter à un seul genre.
Le Cercle du suicide
Usamaru Furuya
Traduction : Naomiki Sato & Marie-Saskia Raynal
Casterman - collection Sakka
Pink
Kyoto Okazaki
Casterman - collection Sakka et collection Ecritures
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