mercredi 28 mai 2008

Le jeu des 7 erreurs

Voici deux photos. Observez-les bien.L'une de ces photos n'a pas été prise au Japon. Trop facile, allez-vous dire ! C'est vrai que les lettres arabes à l'angle de la rue de la première photo trahissent fort aisément son secret. En effet, cette photo a été prise à Beyrouth, en 2004 - en un temps où le pays n'était pas en guerre (je le précise, car c'est tout de même suffisamment rare !).
Mais la deuxième photo, d'où vient-elle ? A regarder les milliards de fils qui s'emmêlent les uns dans les autres et qui tissent de savants nœuds dans le ciel bleu, on aurait vite fait de croire que la scène se passe également au Liban. Mais non, le second cliché a été pris au Japon. Plus précisément dans une rue de Nagano. Mais quantité de photos analogues auraient pu également être prises dans d'autres rues d'autres villes du Japon. Voici ci-dessous la preuve que de tels ciels électriques se trouvent bien au Japon : cette photo a été prise à Kyoto.

Pour une raison qui m'échappe (tremblements de terre ? coûts financiers ?), au Japon les fils électriques ne sont pas enterrés dans le sol et courent librement d'un immeuble à l'autre, s'agglutinant autour des poteaux.
Pas très esthétiques, n'est-ce pas ? Certes, mais ces imbroglios de fils sont si typiques du Japon qu'ils ont su créer un esthétisme cinématographique : sur ce blog, on peut ainsi voir quelques extraits de films évoquant ces fameux quadrillages électriques.

Maintenant, la comparaison entre le Liban et le Japon s'arrête là, il n'y a pas de doute...
Au Japon, les passants s'arrêtent au feu rouge même lorsqu'ils sont dans un cortège de manifestants. Au Liban, un feu tricolore est une curiosité urbaine devant laquelle personne ne pense à simplement ralentir.
Au Japon, on se met en file d'attente bien ordonnée devant l'arrêt de bus et on attend patiemment chacun son tour avant l'arrivée du métro ou du bus. Au Liban, les arrêts de bus n'existent pas vraiment : yalla, le bus s'arrête là où on lui demande. Pourquoi donc s'embêter avec des trajets tout tracés et des cartes invariables ?
Au Japon, il est d'usage de croire à plusieurs religions en même temps sans rien trouver à y redire, au point qu'il n'y a jamais eu dans l'histoire aucune guerre de religion. Au Liban, tu es ce que tu crois et la religion n'est pas seulement une appartenance identitaire, mais (hélas) bien souvent un combat.
Au Japon, personne n'irait l'idée de se demander pourquoi obéir et respecter les lois. Au Liban, l'ordre ambiant est désordre et les lois, quand elles existent, sont souvent édictées pour être bafouées.
Au Japon, on n'ose pas vraiment dire qu'on ne partage pas les mêmes idées que son interlocuteur. Au Liban, discuter signifie dire bien fort son désaccord (sinon, c'est pas drôle).

Bon, allez, j'arrête ici mes lieux communs et mes clichés culturels !



4 commentaires:

Anonyme a dit…

je trouve un peu facile cette comparaison entre ces deux cultures radicalement différentes...
Je me rappelle d'un voyage (au Liban) où à plusieurs reprises j'ai été invité à prendre un café chez l'habitant ; le s Japonais feraient ils de même ?
Il est vrai que les méditerranéens sont expressifs, il est aisé de connaître leur humeur et leur façon de penser car ils vous le diront sans trop de détour !
Quand on offre un présent à un Japonais, on ne pourra jamais savoir si il est réellement heureux de ce présent, il vous dira qu’il est très touché et remerciera ; finalement on restera éternellement dans le doute. Politesse ? ...
moun

Anonyme a dit…

Peut-être, mais le contraste est néanmoins réel. Le pays cité ici n'est qu'un exemple parmi tant d'autres de nation ou la civilisation a une forme moins réglée et plus anarchique. Le résultat est que l'on ne s'y sent protégé ni par les lois ni par ceux qui devraient veiller à leur application. Du coup on comprend que l'on n'a pas intéret non plus à suivre les lois.

A part ça le tempérament méditérranéen est certes parfois plus franc, mais parfois aussi certaines personnes préfèrent afficher une attitude cordiale avec leurs fréquentations pour critiquer (voire médire) ensuite dans leur dos.
Dans le cas de ce fameux "esprit japonais", l'analyse est assez différente. Quand on sait que quelqu'un s'est donné la peine de vous offrir quelque chose on préfère ne pas lui faire sentir que le présent en lui-même ne me plait pas véritablement car c'est avant tout l'intention qui compte, et si l'on considère quelqu'un comme son ami on ne doit pas douter de cette intention.
Dans ce cas il ne s'agit pas d'hypocrisie, et ça ne me dérange pas de ne pas savoir si le présent a réellement plu ou pas. Le GESTE est une marque de respect envers autrui, et c'est cela qui fait plaisir. Les occidentaux sont souvents plus matérialistes alors qu'une relation humaine solide est avant tout fondée et entretenue sur des bases spirituelles... enfin c'est un point de vue.

Anonyme a dit…

Moun > C'est vrai que l'hospitalité orientale est un modèle du genre. Je me souviens être tombé en panne sur une route de campagne et voir 5 minutes plus tard des gens arriver pour nous aider : ces Libanais qu'on ne connaissait pas du tout ont aidé les hommes à changer la roue crevée et ont invité les femmes chez eux pendant ce temps pour leur offrir café et pastèque fraîche. Je me souviens également d'un inconnu qui, à Beyrouth, a pris plus de son temps pour nous faire traverser tout un quartier et nous mener au meilleur restaurant du coin (et nos papilles en ont bien profité !).
Personnellement, de telles histoires ne me sont jamais arrivées en France ! En revanche, nous avons fait de telles expériences au Japon. Plusieurs fois des passants se sont arrêtés devant nous, nous voyant perdus devant un plan incompréhensible, et ont fait un bout de chemin avec nous pour nous aider à retrouver la route. Un couple de Japonais en vacances était même prêt à nous emmener dans leur voiture au petit village que nous voulions visiter !
Mais les Libanais ont souvent tendance à être un petit peu excessifs, même dans l'hospitalité. C'est-à-dire qu'ils ne te font pas partir avant que tu aies avalé une douzaine de "baklawa" (pâtisseries) et bu un demi-litre de café ! (J'exagère à peine !)

Padoule > Je n'aime pas parler d'un peuple "en général", car on en vient toujours à dire des clichés réducteurs...
Il est vrai que les Japonais ont un grand sens du respect de l'autre. Cela apaise les relations humaines et simplifie en un sens les échanges. Maintenant, je connais plusieurs Japonais qui m'ont avoué que c'était justement ce qui leur déplaisait chez leurs concitoyens : cette habitude de ne jamais vraiment dire ce qu'ils pensent et cette peur omniprésente d'apparaître comme différent au sein du groupe dont ils font partie.

Anonyme a dit…

Pourquoi citer autant le Liban ? Y aurait-il un blog 'PaddyAuLiban' en préparation ?

J'approuve tout à fait ta mise au point concernant les clichés réducteurs.
Pour ma part je n'ai ciblé aucun peuple, mais des attitudes sociales différentes (et possibles au sein d'un même peuple). C'est pourquoi je parlais de l'"esprit japonais" que Paddy décrit dans cet article, sans pour autant avoir jamais dit qu'il qu'il s'agissait Des japonais (en général).
Il ne faut pas non plus faire la confusion entre le comportement individuel (au sens d'être humain) et le comportement social imposé ou permis par les convenances et la législation. En effet, c'est un comportement de groupe cohérent qui permet à un peuple de progresser et d'évoluer dans la recherche de meilleures conditions de vie communes et individuelles.
Mais le modèle comportemental d'une nation et son modèle social sont indubitablement liés.
Comment cela se passe-t-il pour les moutons ?