
L'histoire des Années douces est vraiment toute simple. Plus qu'une histoire, on peut même parler d'une série de scénettes, découpées par chapitres. La narratrice de ce récit à la première personne se nomme Tsukiko. C'est une jeune femme d'une trentaine d'années, fermement célibataire. Un jour, elle rencontre par hasard dans un bar son ancien professeur de japonais, qu'elle appelle "Le Maître", veuf depuis des années. Dès lors, ils ne cessent de se rencontrer, à intervalles irréguliers, et presque toujours devant des tasses de saké, sans toutefois jamais fixer à l'avance leurs rendez-vous. Tsukiko ne s'en aperçoit pas tout de suite, mais au fil des mois elle se met à s'attacher de plus en plus au vieil homme, bien que tout semble les séparer. Tout le récit est construit sur la tension de cet éveil à l'amour, dont les protagonistes eux-mêmes se défendent pourtant. Une histoire d'amour entre Tsukiko et l'ancien professeur paraît improbable, et pourtant elle va finir par s'imposer comme une évidence, portée par une écriture délicate et poétique.
Ce roman contemporain était le compagnon idéal d'un voyage au Japon. Geisha Line lisait le soir un chapitre et le lendemain se retrouvait comme littéralement projetée dans l'atmosphère décrite ! Ainsi la scène où Tsukiko et le Maître vont dormir dans un ryokan sur une île et où l'héroïne prend un bain chaud au sous-sol de l'hôtel... il était si facile de projeter sur les mots du livre les images du ryokan de Miyajima dans lequel dormaient les Moun ! Un soir à Tokyo, à Ikebukuro, lorsque mes maîtres ont dîné dans un petit bar servant différents mets pour accompagner le saké, Geisha Line a cru qu'elle était dans l'isakaya du Maître et qu'elle allait y croiser les deux personnages du roman. Tout y était : le petit bar populaire, le chef derrière le comptoir, les convives attablés derrière des verres d'alcool, les commentaires du match de base-ball en fond sonore dans l'écran de télévision... Il n'y avait en plus que deux pauvres touristes occidentaux qui avaient pris ce bar pour un restaurant et qui photographiaient leurs plats, sans boire une goutte d'alcool, les insensés !
Les Années douces
Hiromi Kawakami
Tradution : Elisabeth SuetsuguEditeur : Philippe Picquier
Date de parution: mars 2003
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