mercredi 3 septembre 2008

L'enchantement des clochettes

Quant Geisha Line a débarqué au Japon, à peine sortie de l'aéroport Narita International et embarqué dans le train qui la menait au centre de Tokyo, elle a d'abord découvert le pays avec ses oreilles. Autour d'elle, dans le métro, il y avait toute une série de bruits jusque là inconnus : la musiquette de la JR-Line, les messages sonores d'annonce rythmant l'entrée dans chaque nouvelle station, mais aussi les reniflements des passagers (qui jugent plus polis de renifler plutôt que de se moucher en public), et puis également toute une ribambelle de cliquetis déclenchés par des clochettes, breloques et autres grelots.

Téléphoner dans les trains est interdit au Japon et tout le monde respecte cette interdiction. Cela épargne les passagers des discussions métaphysiques auxquels on a droit dans les trains français ("T'es où ? J'arrive dans 10 min ? Quoi ? J'entends pas ! Tu peux parler plus fort ?"). En revanche, tout le monde (ou presque) est armé de son portable. Si celui-ci ne sert pas à parler, il sert quand même à communiquer, ou du moins à s'occuper les doigts. On voit ainsi les Japonais pianoter sans fin sur leurs magnifiques portables, à écran géant et technologie dernier cri (du moins, à nos yeux d'Européens). Il est beaucoup plus habituel qu'en France d'utiliser le téléphone cellulaire pour s'échanger des mails (tout Japonais a d'ailleurs une adresse mail pour son portable, qu'il consulte généralement plus souvent que son adresse de PC), surfer sur Internet ou encore jouer à des jeux vidéos ou même regarder la télévision.
Or, accrochée au bout de ces indispensables portables, on trouve quasiment à chaque fois une quantité impressionnante de petits accroche-portables généralement de style enfantin (personnages de manga, petits animaux en plastique, etc.). Quand je dis "à chaque fois", je n'exagère pas : tout Japonais, quels que soient son âge et son milieu, a accroché à son portable un petit bijou "kawaï". Même l'homme d'affaires en costume-cravate-chemise-blanche et la mamie ont sa famille de Dragon-Ball ou de Hello-Kitty qui vient prolonger leur portable ! Pour un Français, cette association apparaît comme contradictoire. Mais au fond, cela traduit bien l'état d'esprit des Japonais pour qui le monde coloré des mangas et des personnages imaginaires fait partie prenante du quotidien, si sérieux et normé soit-il par ailleurs.
Mais, les bijoux pour portable ne sont pas que des bouts de plastique. Ils s'entourent bien souvent également de petites clochettes. Impossible de passer inaperçu quand on dégaine son portable : la dizaine de clochettes vient accompagner chaque geste de l'utilisateur. Imaginez taper un long mail avec dix petits cliquetis en prolongement des doigts : cela donne, au milieu des roulis du métro, une atmosphère sonore légèrement enchantée, baignée par des petites musiques de grelots.
C'est cela qui a surpris les oreilles de Geisha Line à son arrivée à Tokyo : les bruits des petites clochettes des portables des Japonais.

Aujourd'hui, dans le métro parisien, Geisha Line s'est soudainement rappelée de cette sensation auditive. Lorsqu'elle a sorti son portable de son sac à mains, une petite clochette a retenti. Une seule, mais elle a été suffisante pour rappeler l'atmosphère du métro tokoyte. Si Geisha Line l'a bien entendue, c'est que c'était elle-même qui tenait ce portable à grelot. En effet, depuis hier soir, Maître Moun s'est offert un nouveau téléphone (si moderne qu'il ne comporte aucune touche... mais où va la technologie !) et, du coup, Geisha Line a hérité du portable de son mari qui, bien qu'un peu plus vieux (le téléphone, pas le mari), reste tout de même très perfectionné. Geisha Line est drôlement contente de ce nouvel héritage, non pas simplement pour le téléphone en lui-même, mais pour ce qu'il permet d'y accrocher. Son ancien portable était dépourvu du petit crochet permettant d'y mettre un petit bijou. Ce n'est pas le cas du nouveau portable auquel Geisha Line s'est aussitôt d'empresser de fixer l'accroche-portable ramené du Japon et qui dormait depuis dans un tiroir : un ravissant petit chat maneki-neko.

Plus féminin que le dragon qui vient grelotter au bout du portable de Maître Moun, n'est-ce pas ? (photo à venir, si j'arrive à lui substituer discrètement son téléphone !)

Reste à savoir ce qui est marqué sur le ventre du chat. Ça énerve Geisha Line de ne pas pouvoir lire. Y aurait-il par ici un japonophone capable de déchiffrer ces quelques mots (qu'on devine hautement intellectuels, n'est-ce pas !) ?

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