mardi 8 juillet 2008

Nuages de mots

Le fléau de l'humanité, c'est de croire que tout ce que doit faire l'être humain doit être utile. Qu'utile puisse rimer avec futile semble une provocation de la langue française à cette furieuse recherche de l'utilité, et donc de son double pécunier, la rentabilité (car time is money, c'est bien connu). Heureusement, tout le monde ne pense pas ça. J'ai même eu un pote, prénommé Emmanuel et vivant à Königsberg au XVIIIe siècle, qui disait que la grandeur d'une oeuvre d'art se mesurait à son inutilité, parce que l'art n'a d'autre raison que d'être une "finalité sans fin" n'ayant d'autre sens que celui qui se donne dans la fulgurance de son apparition.

Bon, bon, je m'emballe là ! C'est mon côté "philosophe" qui prend le dessus sur mon côté "voyageur". Il faut dire que j'ai eu le temps de méditer ces derniers temps : Maître Moun (contraint et forcé par sa femme) m'a amené avec lui au pays d'Autant en emporte le vent, mais, au lieu de me faire rencontrer la belle Scarlett, m'a gardé prisonnier dans sa valise ! A croire qu'il a honte de son mouton préféré... Maître indigne !

Bref, revenons à nos moutons, par un post complètement futile, je viens rendre grâce ici à l'inutilité, en vous faisant connaître une petite application gentiment vaine. En effet, si vous vous rendez sur le site Wordle, vous pourrez à l'envi vous amuser, comme moi, à créer des nuages de mots. Deux ou trois clics, et hop, des mots multicolores viennent en rythme danser un harmonieux ballet sur votre écran et constituer une toile inédite. J'ai tapé l'adresse de mon blog, et il en est ressorti ce nuage aux tons pastels :

Et puis ça m'a tellement fait rire, que j'ai recommencé encore une fois :
... et encore une autre fois :

Quelques nuées lexicales pour me rendre compte que j'ai une tendance particulière à abuser de l'adverbe "particulièrement". Hum, hum...

Pour que cette note ait l'illusion d'avoir un rapport (même lointain) avec le Japon, je me suis amusé également à transformer en nuages un petit haïku de Soseki, célèbre écrivain mort au début du XXe siècle. C'est un hommage aux grues, aux couleurs glacées de l'hiver :

Les hommes meurent
Et les grues naissent
Translucides et glacés

Dans tous les sens, cela donne ceci :
Finalement, les machines s'y connaissent en poésie : si une intelligence humaine avait cherché une couleur et une place pour le mot central "translucides", elle n'aurait pas pu en trouver de meilleures que celles qui se trouvent dans le nuage ci-dessus, n'est-ce pas ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ai adoré merci !!!!!