jeudi 1 janvier 2009

Départ en voyage

Pour bien commencer 2009, les Moun ne prendront pas de bonnes résolutions. Les bonnes résolutions, cela ne sert à rien, sinon à se donner mal à la tête et à s'infliger une forte dose de mauvaise conscience douze mois plus tard, lorsqu'on s'aperçoit que rien de ce que l'on a dit qu'on ferait n'a été effectivement fait.

Pas de bonnes résolutions, certes. Mais tout de même, on ne peut pas commencer l'année comme ça, comme si de rien n'était. Je veux croire qu'en 2009, il y aura du neuf - du beau neuf qui fera rêver et se sentir bien, du neuf inconnu plein de découvertes et de grands voyages, du neuf inédit avec de jolis mots et de belles images. Alors voilà, pour célébrer cette entrée en 2009, j'ai résolu de me laisser guider par un grand maître qui, plus que d'autres artistes, me fait rêver : Utagawa Hiroshige. J'ai envie, tout au long de 2009, de voyager à ses côtés de Tokyo à Kyoto et de m'évader dans ses couleurs.

Hiroshige (1797-1858) a effectué ce voyage entre Tokyo (qui s'appelait alors Edo) et Kyoto en 1832. Il était membre d'une délégation officielle convoyant des chevaux devant être présentés à la cour impériale. J'imagine que durant son voyage, il devait avoir dans sa poche un carnet de croquis. A l'époque, on ne pouvait pas prendre de photographies pour se souvenir de tout ce que l'on voyait. L'artiste a fait des petits croquis, comme un écrivain, lui, aurait pris des notes. Il voulait se souvenir de chacun des merveilleux paysages qu'il traversait. Il ne voulait rien oublier des fleuves et des montagnes qu'il franchissait, pour pouvoir, une fois de retour chez lui, immortaliser son voyage dans des estampes. C'est exactement ce qu'il fit. De retour à la maison, il peignit les "cinquante-trois stations du TôKaidô". Chaque station est un point étape, un refuge entre deux déplacements, pour se reposer et pouvoir reprendre la route le lendemain.

En vérité, Hiroshige fit 55 estampes; : aux 53 stations proprement dites, il a ajouté le point de départ, puis, tout au bout de la série, le point d'arrivée. Si je poste ici une estampe d'Hiroshige tous les jeudi, dans 55 semaines, au tout début 2010, Hiroshige nous aura menés jusqu'à Kyoto et, avec lui, nous aurons voyagé durant cette année. Je sens déjà l'excitation du départ. Un peu comme si on m'avait posé un sac à dos sur les épaules. Que vais-je donc découvrir ?

Aujourd'hui, en ce 1er janvier 2009, je suis sur le pont de Nihon-Bashi, à Edo. Il s'agit d'un point de convergence entre les cinq routes principales du pays. Ce fameux pont est la mesure étalon des distances au Japon, un peu comme Notre-Dame à Paris. C'est l'aube. Le soleil n'a pas encore grimpé dans le ciel. Tout le monde s'affaire. J'ai du mal à me faire une place parmi la foule de marchands. La route s'annonce longue. Mais je suis prêt.

Hiroshige, 53 stations du Tôkaidô - le pont de Nihon-Bashi

Mon voyage sur la route de Tôkaidô, je sais que ce n'est pas réellement à travers le Japon que je vais le faire. Le Kansai d'Hiroshige n'existe plus aujourd'hui. Plus encore, je pense que même à son époque il n'existait pas ainsi qu'il l'a représenté. L'imagination a recréé des paysages fantasmagoriques qui ressemblent un peu à la réalité, mais si peu au fond. Les voyages intérieurs sont tellement plus beaux, plus grands, plus forts. Pourquoi vouloir les confronter avec le réel ?

Le Japon d'Hiroshige n'existe plus. Aujourd'hui, la route de Tôkaidô est noyée sous le béton et les autoroutes. Plus de pavés, mais les rails du shinkansen et, partout, la ville, les immeubles, les fils électriques, les voitures, et la nature qui s'est enfuie. Le photographe Thierry Girard, en 1997, a refait plus d'un siècle et demi plus tard, le voyage d'Edo à Kyoto et a posé un "regard contemporain sur le Japon du quotidien et de l'ordinaire". Ses photos sont fascinantes. Et pourtant, Hiroshige paraît si loin.

Allons-y, partons sur la route de Tôkaidô... Êtes-vous prêt à me suivre ?

La route de Tôkaidô (source de la carte)


Petit hommage à Dvorah à qui j'ai insolemment volé cette brillante idée ! Allez voir son site : elle a commencé son voyage en ukiyo-e bien avant moi !

4 commentaires:

Dvorah a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Dvorah a dit…

Je suis très honorée !
D'accord, je suis ! J'étais d'accord pour partir avant d'avoir vu votre petite anotation sur moi en bas de page, aussi ai-je effacé mon message pour le réajuster ici : Je veux bien faire quelques infidélités à Hokusai et sauter ici une fois par semaine jusqu'à Hiroshige que j'avais envie de suivre ensuite. Grâce à vous, je le ferai plus tôt que prévu !

Anonyme a dit…

Je trouve que prendre le temps à moments réguliers de regarder une estampe est une belle façon de s'en imprégner. Lorsqu'on feuillette un livre de reproduction d'estampes, on ne s'attarde pas sur chacune et on ne voit pas tous les petits détails.
Merci de m'avoir donné l'idée en regardant vos Monts Fuji d'Hokusai !

Baiya a dit…

En lisant ton post, j'ai tout de suite pensé à Dvorah!
J'adore aussi Hiroshige et ayant le privilège de me situer géographiquement au deux-tiers de ce voyage, je suivrai ton récit.
Peut-être y répondrai-je en images quand tu auras atteint notre bonne vieille ville... qui sait?
Très bonne année à toi et à ton blog!