
"Temple de Yakushi en pierre" (Ishiyakushiji)

"L'averse" (Haku-u)

"Eclaircie après la neige" (Yukibare)

"Départ matinal du daimyo" (Honjin hayadachi)




J'aime la précision du regard de Florent Chavouet. On le devine assis pendant des heures devant la devanture d'un restaurant ou un fameux "koban" (poste de police) pour en croquer chaque petit détail. Ses cartes, qui ponctuent chaque "chapitre", sont à la fois précises et complètement personnelles, offrant un point de vue subjectif sur Tokyo. On est loin des clichés et de la vision froide de Lost in translation. Au contraire, il y a des tas de petites touches d'humour ici et là. La lecture de ce livre donne envie de retourner illico presto au Japon ! C'est d'ailleurs ce qu'a fait Florent cet été, le chanceux ! Il a fait de ce voyage un second livre qu'on attend avec impatience !
Nous sommes ici d'emblée dans la fiction, la scène s'ouvrant dans le futur et le narrateur ne portant pas le même nom que son auteur. Mais on devine facilement que Benjamin Reiss s'est certainement inspiré de sa propre expérience en écrivant les aventures de Jean-Yves Brückman. Peut-on parler d'autofiction ? Son personnage est un étudiant français qui se rend au Japon pour retrouver sa petite-amie japonaise. Arrivé à Tokyo, il ne trouvera aucune trace de sa petite amie, mais, au fil des semaines, il s'adaptera à sa nouvelle vie et en apprendra beaucoup sur lui-même, devant assistant mangaka auprès d'auteurs de BD japonais.
 Hiroshige - Sur la route du Tokaïdo
43e relais : Yokkaichi
"Le fleuve Mie" (Miegawa) 
J'aime le vent qui s'immisce dans les branches, dans les herbes folles et qui va jusqu'à faire s'envoler les chapeaux des malheureux voyageurs.
J'aime cette mystérieuse silhouette en manteau jaune sur la droite : où va-t-elle ? qui est-elle ?
J'aime ce paysage automnal entre eau et terre, entre terre et ciel.
Et j'aime aussi surtout l'humour de cette scène un peu grotesque. On se croirait dans un vieux film de Chaplin. Le vent est un personnage comique de première classe qui fait s'envoler les couvre-chefs... ou se déchausser les dentiers !
Mauvaise passe !
mes dents se déchaussent
au vent d'automne
Sugiyama Sampû (1647 - 1732)
Dans un Japon traditionnel, quoiqu'à une époque indéterminée, Yoshi est fabricant d'éventails et Sabu, son voisin, est vendeur d'anguilles grillées. Les deux hommes rivalisent d'aigreur : Yoshi est excédé de voir son voisin griller sous son nez d'excellentes anguilles et Sabu très énervé de voir que personne, même pas son voisin, ne les lui achète. L'odeur du poisson grillé procure autant de plaisir que son goût, prétend le marchand d'éventails. Ah bon !, rétorque Sabu, dans ce cas-là il faut payer pour ce plaisir olfactif ! Mais Yoshi est malin et nargue son voisin en faisant trébucher des pièces de monnaie : si l'argent n'a pas d'odeur, il peut faire du bruit... mais est-ce que le bruit des pièces d'argent vaut salaire ?Voilà un bon bout de temps que je n'ai pas parlé de mes lectures. C'est que mes lectures ne sont pas très japonaises ces derniers temps et surtout (vraie raison) que j'ai une grande flemme dans la patte !
Mais je tiens quand même à vous dire un mot d'un de mes derniers coups de coeur : l'album Les deux vies de Taro, écrit par Jean-Pierre Kerloc'h et illustré par Elodie Nouhen (publié chez Didier Jeunesse).
L'histoire n'est pas nouvelle. Il s'agit d'une adaptation d'une vieille légende japonaise, aussi connue chez les Japonais que notre Petit chaperon rouge. Jean-Pierre Kerloc'h a en effet réécrit là le conte d'Urashima Taro, l'histoire d'un pêcheur sauvant une tortue. La tortue, animal symbole de longévité, saura lui rendre grâce et le remercier, l'entraînant au fond de l'océan, dans le Royaume de la Mer, où il tombera amoureux de la princesse Otohimé.
Bon, je n'ai pas envie de résumer l'histoire. Il faut que vous la lisiez ! J'aime particulièrement la fin du conte qui ouvre une belle réflexion sur le temps qui passe. Jean-Pierre Kerloc'h a su donner à cette histoire toute sa poésie et sa féerie, choisissant les mots avec justesse et finesse. Les illustrations mettent en valeur le récit, créant un univers onirique et mystérieux. Les tons sont chauds, voire sombres lorsque la tension dramatique monte (lorsque le pêcheur tombe au fond de l'océan). Certes, les images ont parfois un côté plus chinois que japonais (peut-être est-ce le choix du grand chapeau qui me fait dire cela). Mais il y a de magnifiques trouvailles dans le choix graphiques, comme l'utilisation de fils de fer pour figurer les filets du pêcheur, l'utilisation de petites touches dorées quand il s'agit d'évoquer le merveilleux royaume de la mer et surtout les effets de matière et les dégradés qui donnent une fabuleuse épaisseur au dessin.
Une belle union du texte et de l'image. Un beau voyage !
Les deux vies de Taro
Jean-Pierre Kerloc'h
Elodie Nouhen (illustrations)
Didier Jeunesse
2003
(Source de l'image ici)
 Hiroshige - Sur la route du TokaïdoKatsushika Hokusai, Postface aux cent vues du mont Fuji.
Hiroshige, Sur la route du Tokaïdo
 Hiroshige, Sur la route du Tokaïdo
37e relais : Fujikawa
"Tête de cortège" (Bôhana no zu) 
 Hiroshige - Sur la route du Tokaido
Ce roman de la coréenne KIM Chugmi (étiqueté "jeunesse" chez Thierry Magnier) décrit la vie des habitants d'un quartier très pauvre d'Inch'on : Kwaengiburi. En lisant les premiers chapitres, j'ai cru que l'histoire se passait dans un temps assez reculé, tant la misère de ce bidonville est terrible et ne correspondait pas à ce que j'avais pu voir de la Corée. Mais il s'agit bien d'une histoire contemporaine.
Hiroshige - Sur la route du Tokaïdo
- La partie Ouest du Jutland est bien plus sauvage que la partie Est. Sur la côte de la mer du Nord, on a roulé au milieu des dunes, couvertes de lande et de bruyères. On a assisté à de beaux couchers de soleil sur d'immenses plages de sable fin.Et must du must, on a même fait du vélo sur la plage ! Si, si, une quinzaine de kilomètres, tout près des vagues !
- Tout est fait pour le vélo au Danemark : pistes cyclables partout, garages à vélo devant tous les magasins, transport aisé en train et même en bus (il suffit d'acheter un ticket pour sa bicyclette). Les automobilistes savent conduire avec des vélos autour d'eux et les respectent. D'ailleurs, les cyclistes respectent eux aussi le code de la route. C'est un plaisir de rouler là bas - et pas une lutte pour la vie, comme à Paris.
- On peut acheter des fruits et légumes frais dans les petits villages. Les habitants vendent devant chez eux le surplus de leurs jardins. On s'arrête devant une petite table où les légumes sont disposés, on regarde le prix des patates (kartofler en danois) ou des prunes, on met l'argent dans la petite boite... et on repart avec ses légumes !
- Les Danois sont de gros buveurs de bierre. Même Maître Moun en était choqué ! Les hommes comme les femmes boivent de la Tuborg comme si c'était de l'Evian. Et ils tiennent bien l'alcool, croyez-moi !
- La vie est très chère. Heureusement, quand on pédale toute la journée, on n'est pas trop tenté de consommer ! Au restaurant, il faut payer pour boire un verre d'eau du robinet. Une dizaine de couronnes par verre !
- Les Danois aiment vivre dans la nature, et ça se voit ! Il y a des campings partout et un bon nombre de "camps primitifs". On a le droit de faire des feux (presque) partout. Certaines zones sont protégées et on y croise de nombreux oiseaux migrateurs.
- Nous avons croisé des milliers de coccinelles. Il paraît qu'elles viennent de Chine et que leur sur-population n'avait pas vraiment été prévue. Par endroit, c'était vraiment impressionnant.
Il y aurait encore plein de choses à dire... mais gardons le mystère ! N'avez-vous pas envie de passer vos prochaines vacances au Danemark ?! (Non, on n'a pas d'action pour l'office du tourisme de ce pays !)
Et l'année prochaine ? En toute logique, Geisha Line aimerait bien continuer la route de la mer du Nord : les prochaines étapes sont la Suède et la Norvège, deux pays qui font rêver ma maîtresse. Mais il semble que convaincre Maître Moun de passer de nouveau des vacances à vélo soit très très difficile... Le valeureux cycliste veut partir l'année prochaine en hotel-club ! Diable, trahirait-il sa réputation de cycliste émérite ?!!