Cet après-midi, les Moun ont affronté le froid parisien pour se rendre à l'exposition "Estampes japonaises", qui a lieu à la BNF, sur le site Richelieu (c'est-à-dire du côté du Palais-Royal). Il s'agit d'une très belle expo qui réunit près de 170 estampes - ukiyo-e -, tirées du fonds du département des estampes de la BNF. Saviez-vous en effet que la Bibliothèque Nationale de France possède quelques 6 000 estampes et livres illustrés ? Cela aurait été dommage de ne pas en montrer une partie au public.
L'exposition est organisée selon un parcours thématique, ce qui permet de voir plusieurs facettes de cet art qui a connu son apogée à l'époque d'Edo (1603-1868). A travers ces "images du monde flottant", c'est avec la bourgeoisie marchande et fortunée de l'époque que l'on fait connaissance. Celle-ci cherchait les divertissements, comme le prouvent une grande partie des estampes représentant essentiellement des acteurs de théâtre kabuki, des courtisanes, des joueurs de sumo... Certaines de ces estampes n'étaient autre que des publicités, sortes de gravure de mode de l'époque où les top modèles étaient de célèbres hôtesses de maisons de thé. Il faut bien penser que ce qu'on visite aujourd'hui dans les musées était au départ des images destinées au grand public, grâce à la facilité du travail de reproduction des imprimeurs. En cela, c'est un témoignage inestimable sur le Japon de l'époque et sur l'image que la classe sociale montante de la bourgeoisie avait d'elle-même.
Ce qui m'a le plus frappé, c'est la grande modernité des traits, notamment dans les portraits. Les visages sont stylisés, suivant des lignes bien marquées qui, en quelques traits donnent aux femmes des expressions mystérieuses sous leurs chignons extravagants. Les couleurs sont disposées par aplats, ce qui structure l'espace et accentue la pureté des lignes.
Suzuki Harunobu (vers 1725-1770)
L'averse
L'averse
Mais ce qui m'a de loin le plus plu, ce sont les estampes disposées dans la crypte, au sous-sol. On y trouve en effet les images consacrées au paysage, avec en particulier Hokusaï et Hiroshige. C'est un genre vraiment différent, apparu au XIXe siècle. Véritables cartes postales du Japon, ces estampes montrent, dans des séries, des sites pittoresques du pays. Les artistes sont à l'écoute de la nature et l'immortalisent au fil des saisons, retenant les impressions fugitives d'un monde terrestre toujours en mouvement. Un nouveau pigment, le bleu de Prusse, avait été découvert à cette époque. Ce bleu très dense irradie toutes les œuvres exposées, leur donnant une profondeur et une gravité inégalées.
Hiroshige
« Grands Poissons » (Uozukushi)
« Tourteau / maquereau » (Kani / saba)
« Grands Poissons » (Uozukushi)
« Tourteau / maquereau » (Kani / saba)
Bref, j'ai appris des tas de choses à cette exposition qui donne une belle introduction à l'art de l'estampe. Maître Moun, prévoyant, avait téléchargé avant de partir sur son téléphone et sur l'I-pod les commentaires de Gisèle Lambert, la conservateur en chef du département des estampes de la BNF. Ces fichiers MP3, qui se trouvent sur le site de l'expo (site vraiment bien fait, soit dit en passant), nous ont permis de suivre pas à pas les œuvres exposée.
Maintenant, Geisha Line rêve de s'acheter elle-même une estampe japonaise pour l'exposer dans son salon. Mais non, elle ne craquera pas !
- Exposition "Estampes japonaises, images d'un monde éphémère"
Jusqu'au 15 février 2009, à la BNF, site Richelieu
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire