mardi 21 octobre 2008

Yokaï et yureï

Lors de leur voyage au Japon, les Moun se sont retrouvés à deux reprises dans un cimetière.

La première fois, c'était à Tokyo, à l'issue d'une balade dans le parc de Ueno. Marchant un peu plus loin de la foule rassemblée sous les cerisiers en fleurs du parc, les Moun étaient arrivés jusqu'à Yanaka. Yanaka est un quartier très ancien de Tokyo, à mille lieux des clichés qu'on se fait de la grande métropole japonaise : on n'y trouve que des petites maisons, alignées devant de petits jardins tranquilles qui donnent à ce quartier un air de village. Imperceptiblement, en se baladant dans le quartier, on pénètre dans le grand cimetière de Yanaka qui n'est pas même entouré de grilles ou de murs et qui donne l'impression que les tombes jouxtent les habitations. Ce jour-là, les Moun ont marché près des tombes. Plutôt que des chrysanthèmes, ils pouvaient voir sur les tombeaux des bouteilles (pleines) de saké, des pièces de monnaie ou des petits jouets - autant d'offrandes faites aux morts. Au bout de quelques temps, la nuit s'est mise à tombée. C'était le soir déjà et l'obscurité est venue surprendre les Moun qui s'étaient perdus dans ce grand labyrinthe ne semblant pas avoir de sortie. Ils ont dû demander à plusieurs reprises leur chemin à des passants avant de parvenir à rejoindre une ligne de métro. Geisha Line n'avait pas peur. Mais c'était un petit peu troublant tout de même de se retrouver la nuit dans un cimetière si vaste. Et s'il y avait des fantômes derrière ces sotoba - ces grandes planches de bois gravées que l'on trouve près de la plupart des tombes ?
Des sotoba dans le cimetière de Yanaka, à Tokyo

La deuxième fois que les Moun se sont retrouvés parmi les tombes, c'était à Koyasan, dans le grand cimetière Okuno-in qui fait près de deux kilomètres de long. Ce cimetière réunit plus d'un millier de tombes, dont les plus anciennes sont recouvertes de mousse et enferment des samouraï d'une époque lointaine.
Le cimetière de Koyasan

Les Moun suivaient un groupe d'hommes japonais en costume qui eux-mêmes suivaient un guide s'arrêtant tous les cent mètres pour commenter le tombeau d'anciennes célébrités. Quittant ces hommes parfois un peu bruyants, les Moun se sont enfoncés dans le cimetière. C'était la journée, mais il faisait sombre sous les cèdres centenaires. Maître Moun, passant devant une tombe en ruine, a frissonné. Et si sous ces vieilles pierres était dissimulé un yokaï, venu de l'autre monde hanter les touristes étrangers ?
Le cimetière de Koysan

En vérité, durant ces promenades funéraires, nous n'avons vu aucun yokaï. Pourtant, les yokaï sont bien connus des Japonais et font partie de leur mythologie depuis des siècles. Les yokaï, véritables "apparitions ensorcelantes", sont des créatures surnaturelles qui peuplent les légendes. Comme les yureï - fantômes et spectres - et les oni - démons - ils prennent toutes sortes de formes et viennent inquiéter les vivants, imposant leur force maléfique. Les kappa, dont j'ai déjà parlé à l'occasion de ce dessin animé récemment sorti, sont des yokaï, tout comme les tanuki, ces blaireaux libidineux qu'on trouve à l'entrée de certains restaurants.

Un auteur de manga très célèbre au Japon (mais beaucoup moins en France), Shigeru Mizuki, a donné une place capitale dans ses albums à ces étranges yokaï. J'ai lu récemment le recueil de contes dessinés, 3 rue des mystères, publié aux éditions Cornélius. Shigeru Mizuki est né en 1922 et s'est mis tardivement au manga, après avoir perdu un bras pendant la seconde guerre mondiale.
Dans ces sept petites histoires, l'auteur donne vie à ces fameux yokaï, mêlant dans chacune de ses histoires le fantastique, l'horreur mais aussi la poésie et l'humour noir. Sans cesse la question de l'immortalité et de la vie après la mort revient avec obsession. Un ascenseur permet d'accéder à un monde parallèle où les fantômes de personnes mortes tragiquement viennent hanter celui qui n'a pas respecté leur corps, un démon-chat horrible vient attaquer un homme, ou encore un savant tente d'inventer un sérum d'immortalité... En quelques images, nous sommes plongés dans un autre univers, toujours surprenant, souvent effrayant. Shigeru Mizuki maîtrise parfaitement l'art de conter, dans des dessins dont le trait frôle parfois la caricature. Sous sa plume, le fantastique est un moyen d'approcher la connaissance de l'âme humaine et de se moquer de la vanité des hommes à prétendre à l'immortalité. Les monstres, les fantômes et les mauvais génies que sont les yokaï marquent le passage impossible, et pourtant obsédant, entre le monde des vivants et celui des morts. Comme dans l'histoire de ce jeune homme qui tombe amoureux d'une femme venant de l'Au-delà, le mangaka semble nous montrer que pour réussir à vivre sa vie ici-bas, il faut accepter que chacun reste à sa place - les vivants sur terre, les morts là-bas, dans leur monde à eux. Pourtant, cette frontière est indistincte et la proximité des morts dans le monde des vivants fait naître l'angoisse et le malaise.
Extrait du conte "L'ambroisie féline"
(histoire d'un chat 10 000 fois plus effrayant que notre Ninja, c'est dire !)

Ce manga m'a laissé tout chose, une fois le livre refermé. J'ai repensé à un recueil de nouvelles, pourtant dans un style très différent, que j'ai lu il y a déjà plusieurs semaines. Dans Dur, dur, l'auteur Banana Yoshimoto (née en 1964) raconte deux histoires dans lesquelles la mort est là aussi très présente.
La seconde nouvelle, très émouvante, est le récit d'une jeune fille perdant sa soeur, tombée dans le coma après une attaque cérébrale : les jours passants, il est évident que la soeur ne pourra revenir à la vie et, tout doucement, la famille doit accepter de débrancher les appareils et prononcer la mort clinique de la jeune femme. Le thème est très grave, mais le récit n'est jamais larmoyant et toujours pudique et sincère.
La première nouvelle est très différente, moins réaliste et frôlant le fantastique. La jeune narratrice est confrontée à des fantômes : celui d'une femme suicidée qui vient hanter la chambre de l'auberge dans laquelle elle passe la nuit, et surtout le souvenir spectral de la femme qu'elle a aimée et qui vient hanter sa mémoire. Vivants, morts, tout le monde se ressemble. Dans la petite auberge, l'hôtesse paraît considérer normal de fréquenter un fantôme. Quant à la narratrice, c'est l'épreuve de la séparation et l'acceptation de la mort de sa compagne qu'elle doit faire pour continuer à vivre.
En refermant ce petit livre, j'ai eu le même sentiment d'étrangeté qu'à la lecture du manga de Shigeru Mizuki : et si le monde des morts, celui des yokaï et des yureï, était là tout près, en parallèle de ce que nous appelons improprement la "réalité" ?

3 rue des mystères et autres histoires
Shigeru Mizuki
Éditions Cornelius
2006

Dur, dur
Banana Yoshimoto
Traduction : Dominique Palmé et Kyoko Sato
Titre original : Hard-Boiled / Hard-Luck
Rivages
2001 (1999 pour l'édition japonaise)

mardi 14 octobre 2008

Rouge bonbon

Vendredi après-midi, Geisha Line avait une réunion à Odéon, en plein quartier latin. Après avoir écouté longuement un monsieur en cravate parler longuement, Geisha Line a vu tous les gens présents autour d'elle se lever et se disperser. Il était 16h15 et la réunion était finie. Gros dilemme : fallait-il retourner au bureau et se remettre au boulot ? Mais le temps de traverser Paris pour retourner au bureau, l'après-midi serait déjà bien entamé et il ne resterait plus beaucoup de temps pour bosser vraiment. Alors, n'écoutant que sa mauvaise conscience, Geisha Line s'est dit qu'elle pouvait bien profiter d'un vendredi après-midi ensoleillé pour faire le bureau buissonnier et flâner dans le quartier de toutes les tentations. Après tout, les mails professionnels, elle pourrait bien les consulter depuis la maison.
Geisha Line a donc laissé entière liberté à ses pieds. Quelques minutes plus tard, ses pieds l'ont menée dans une boutique de secrets de filles et quelques minutes encore plus tard c'est son porte-monnaie qui s'est affranchi de toute limite et qui s'est allègrement délesté de son poids. Prétextant une promo sur les pyjamas, Geisha Line a ainsi craqué pour cette tenue complètement japonisante révélant que, décidément, les petites kokeshis japonaises sont terriblement à la mode en ce moment.
Les pieds et le porte-monnaie de Geisha Line ayant goûté à la liberté, ils n'allaient pas s'arrêter en si bon chemin. D'une manière complètement incontrôlable, ils ont mené Geisha Line dans une célèbre et grande librairie parisienne dont, évidemment, elle n'a pu sortir indemne...
De retour à la maison, Geisha Line a essayé son pyjama de geisha (mais les geishas mettent-elles des pyjamas en vérité ?) et, toute de rouge vêtue, elle a ouvert un de ses livres nouvellement achetés pour entamer une lecture en parfaite adéquation avec la gamme chromatique adoptée : le roman graphique Rouge bonbon, de Kiriko Nananan, paru dans la collection Sakka de Casterman. Cet album est en fait la réunion de dix-huit petites histoires très courtes, de personnages chaque fois différents, mais toujours féminins. Avec beaucoup de sensibilité mais aussi de simplicité, la mangaka a isolé quelques instants de la vie intime de jeunes femmes d'aujourd'hui. La narration est réduite à l'essentiel. De ces héroïnes, nous ne savons pas grand chose. Elles nous laissent simplement apercevoir un peu de leur fragilité, de leurs doutes, de leurs espoirs ou, le plus souvent, de leurs coups de blues. Une rupture imminente, le souvenir d'un amour passé, l'espoir d'un amour rêvé, le poids des ans... Il y a dans les thèmes abordés beaucoup de gravité. C'est un regard triste et désabusé qui est porté sur le quotidien. A chaque instant, ces jeunes femmes se trouvent sur la ligne instable d'une incertaine limite - limite entre l'espoir et le la mélancolie, entre l'envie de vivre et le désir de tout laisser tomber.


Le graphisme, à mille lieux des mangas traditionnels, vient appuyer cette étrange ambiance qui se dégage des pages. Les traits sont larges, très noirs, mais en même temps quasiment inachevés, presque comme des crayonnés. Certaines vignettes sont même difficiles à lire, tant les lignes sont déliées et entremêlées. Le point de vue narratif est original, très proche de la construction cinématographique : d'image en image, on suit le regard de la jeune femme - on voit ce qu'elle voit, et, souvent, le dessin nous arrête sur un détail, une scène qui, pourtant, pourrait paraître anodin. Une grande place est laissée au texte qui, parfois, occupe des vignettes entières, assurant une harmonieuse respiration entre l'image et l'écrit.
Bien sûr, je me doute que ce genre de bande dessinée ne doit pas plaire à tout le monde - et en tout cas pas aux lecteurs qui aiment à être transportés dans des histoires et des univers parallèles. Ici, ce sont la délicatesse et la fragilité de la narration graphique qui font le charme de ce roman. Il faut accepter d'entrer dans les intimités qui nous sont présentées, même si on aurait envie de marcher sur la pointe des pieds pour ne pas faire de bruit.


Dans son pyjama rouge de japonaise doll, Geisha Line tournait les pages de ce livre très noir. Nouvelles après nouvelles, il s'agissait presque à chaque fois de l'histoire d'un échec ou d'une insatisfaction, dite la plupart du temps avec une certaine crudité. Geisha Line s'est mise à soupirer. C'est donc ça, l'amour ? se disait-elle, un peu démoralisée... Mais les dernières histoires sont plus gaies et, doucement, laissent sous-entendre que lorsqu'une histoire se termine une autre peut commencer, plus belle encore que l'ancienne. Heureusement : le rouge n'est pas seulement la couleur du sang et de la souffrance, mais aussi celle des bonbons (à la fraise).

Rouge bonbon
Kiriko Nananan
Casterman
Collection Sakka
2008

lundi 13 octobre 2008

Un dimanche au Japon

Dimanche matin, à l'aurore (bon, OK, il était 9h30 passées !), Geisha Line a usé de ses charmes auprès de son Maître Moun de mari. Elle a pris une voix sulfureuse et lui a murmuré à l'oreille : "Dis, tu me fais des makis pour mes copines et moi ?" Le Moun a un petit peu grogné/râlé/gromelé pour la forme, mais s'est patiemment exécuté (avait-il seulement le choix diront mes lecteurs anti-féministes ?).
Quelque temps plus tard, Geisha Line, en indigne épouse, a abandonné son cher et tendre, tout seul devant un plateau-repas diététique et des dessins animés racontant des histoires de méchants guerriers. L'homme était en mauvaise posture, quand Geisha Line a claqué la porte d'entrée...

(Observez le regard fourbe et intéressé du félin).

... mais qu'importe et vive la liberté, s'est-elle dit très égoïstement ! C'est que Geisha Line avait rendez-vous avec ces (nouvelles) copines du swap japonisant Sakura Wam. Premier passage de l'autre côté de l'écran de l'ordinateur grâce à ce blog : il fallait fêter cela par un repas nippo-parisiano-lorrain digne de l'événement :
(Non, il ne s'agit pas d'un pique-nique de clodos !
Vous pouvez cliquer sur la photo et jouer à "Où est Paddy ?")


Il faisait un temps magnifique - un vrai été indien aux couleurs d'automne. Seul représentant ovin au sein d'un groupe exclusivement féminin, je me suis dit que j'allais parader au milieu de mes admiratrices. Mais lorsque Geisha Line m'a sorti de son sac, j'en ai entendu dans l'assemblée qui se sont écriées : "Mais il est tout petit Paddy !" et même une qui s'est exclamée, sans aucun tact "Mais il n'est plus tout jeune, on voit qu'il a vécu !". Hum, hum, heureusement que je ne suis pas susceptible, les filles, parce que j'aurais pu le prendre très mal, n'est-ce pas ! Heureusement, il m'a été épargné la remarque fatale qui, généralement, me laisse de glace : "Mais tu es tout sale, Paddy !".

Bref, après avoir pique-niqué, les copines de Geisha Line ont été tout d'un coup toutes excitées. C'est que, avec fébrilité, elles se sont échangées leurs réalisations swappesques !

Mimi Kaolin a offert à Geisha Line un sac à main vintage hyper mode, imaginé et fabriqué avec le tissu d'une ceinture (obi) de kimono directement importé du Japon. Geisha Line adore l'idée d'avoir un sac qui, il y a quelques années, était un morceau de vêtement porté par un Japonais vivant à des milliers de kilomètres de là. Quant à moi, j'ai trouvé l'astuce pour me glisser habilement dans le sac et en profiter pour voir le paysage tout en me laissant porter : quel style, n'est-ce pas ?
En revanche, dès que le Ninja félin a aperçu le sac, elle s'est précipitée sur la chaînette métallique et il a fallu planquer le joli cadeau !
En tous les cas, mille mercis Mimi ! Et j'attends l'autre partie du swap : j'ai hâte de connaître la petite copine que tu m'as inventée !
De son côté, Noueuse d'aiguillette a déballé les cadeaux réalisés par les mains gauches de Geisha Line. Les voici pris en photo :


La pièce maîtresse est un tablier à la japonaise qui a valu quelques heures de couture à Geisha Line et à sa Mamicha. Porté, ça donne quelque chose comme ça :

Pour les petites babioles à côté, il s'agit de :
- une pochette à trois entrées, savamment inspirée du pliage origami. Ma maîtresse a trouvé le modèle sur My little Mochi, un site anglais (ici le tuto en PDF) ;
- un petit chat en papier mâché trouvé dans une superbe boutique de la rue de Rennes ;
- quelques sachets de thé vert, à boire délicatement avec de la musique zen en fond sonore pour faire style genre "je suis au Japon" ;
- deux petits sachets de furikake "Hello Kitty". Noueuse, je n'ai pas eu le temps de t'expliquer ce que c'était : le furikake est un condiment à base de sésame, varech, poissons séchés, qu'on met sur du riz blanc pour l'assaisonner. J'espère qu'en arrivant chez toi tu n'as pas cru que c'était de la nourriture de poisson d'aquarium (ça y ressemble beaucoup, c'est vrai !) ! Les Moun adorent ça (le furikake, pas la bouffe pour poisson, einh, bien sûr !) ;
- une guirlande Grues porte-bonheur, à suspendre de préférence hors d'accès d'un chat joueur :


Mais trêve de matérialité, ce petit groupe de dames ne s'était pas rassemblé seulement pour bouffer et s'offrir des cadeaux ! Le rendez-vous était fixé aux jardins Albert Kahn, tout au bout de la ligne 10, à Boulogne-Billancourt.
A peine les portes du jardin franchies, nous nous sommes crus ailleurs. Loin, très loin de Paris : dans la forêt vosgienne où, derrière les sapins, semblaient se cacher des lutins maléfiques ; dans un jardin anglais où j'aurais bien aimé pouvoir me rouler dans la belle pelouse verte ; dans une belle roseraie où j'ai regretté que ce ne soit plus la saison des roses... Mais aussi et surtout dans un vrai jardin japonais, dans lequel les feuilles rougies des platanes formaient de magnifiques touches de couleur !


Albert Kahn était un riche banquier du début du XXe siècle. De retour d'un voyage au Japon (et à l'époque rares encore étaient ceux qui faisaient le voyage vers ce lointain pays), il eu l'idée de recréer aux portes de Paris un jardin à la japonaise. Il recruta des jardiniers japonais et, dit-on, fit ramener en kit des maisons du Japon. Aujourd'hui, à ce premier "village japonais" créé en 1898 s'ajoute un jardin japonais datant de 1990 et conçu par un paysagiste japonais. Petit pont de bois rouge, collines de mousse, point d'eau envahi par les carpes multicolores, lanternes de pierre... on se croirait vraiment au Japon, dans un jardin de Kyoto !

Comme je suis un mouton sauvage, j'aurais bien zappé les dizaines de touristes qui piétinaient autour de moi (il aurait fallu pouvoir venir en semaine plutôt qu'un dimanche après-midi !). Mais bon, ne faisons pas notre prétentieux. C'était une superbe façon de s'initier à l'art des jardins japonais.

Pour de plus belles photos, je vous invite à aller voir le site d'Avalina, notre comparse de swap !

Jardins Albert Kahn
14, rue du Port
92100 Boulogne-Billancourt
Métro Pont de Saint-Cloud
Ouverture : tous les jours sauf le lundi (fermé en hiver).

jeudi 9 octobre 2008

Pop kawaï

Pfff, j'ai pas trop le temps d'écrire en ce moment. Vous pensez peut-être que je passe mes journées à me tourner les pattes, mais non, dans la vraie vie, je dois bosser et en ce moment j'ai de quoi m'occuper et du coup les posts que je voulais vous écrire sur mes dernières lectures (entre autres) restent coincés dans un coin de ma tête.

Tous les soirs, Maître Moun, lorsqu'il rentre à la maison (à pas d'heure, lui aussi il bosse dur), demande fébrilement : "Il a écrit Paddy ?" et devient tout triste lorsqu'il voit que ce site n'a pas été mis à jour. Alors, pour combler son impatience (et peut-être celle des hypothétiques lecteurs ?), voici une petite vidéo totalement japonaise, mais aussi totalement superficielle, et néanmoins grandement joyeuse et colorée :

Milky Way - Tan Tan Taaan
envoyé par Japoniais

J'ai trouvé cette vidéo sur le site Jpo(p) niaiserie, qui fourmille de pépites de cet acabit (allez voir !).

L'une des jeunes et jolies chanteuses (née en 1992, ça ne nous rajeunit pas !) s'appelle Koharu Kusumi. C'est une véritable idole pour la jeunesse nippone. J'imagine bien toutes les petites filles fan qui doivent répéter les chorégraphies devant leur glace, après avoir vu ce clip !

Mais bon, un peu de couleurs dans la grisaille de l'automne... de quoi mettre de bonne humeur, non ?


lundi 6 octobre 2008

Les meilleurs sushis de Paris

Lorsque Maître Moun était un jeune et sémillant célibataire, il habitait dans un tout petit studio, à deux pas des Buttes Chaumont. C'était le bon temps, vous dira-t-il le regard nostalgique si vous l'interrogez sur cette époque de sa vie : il était alors totalement libre - pas de femme l'obligeant à changer trois fois de place au café (car trop bruyant, trop en courant d'air ou trop sombre... ah, l'indécision féminine !), pas de mouton méagalomane à trimballer dans sa poche et surtout pas de chat fou furieux qui a un réveil naturel éternellement arrêté sur l'heure fatidique de 6h23. Bref, pour le jeune Moun, cette vie de célibat était le paradis !

Il habitait à côté d'un petit restaurant japonais et passait tous les jours devant la boutique avant de monter quatre à quatre les étages jusqu'à son appartement. Pourtant, il fallut attendre qu'il rencontre Geisha Line pour qu'un jour il ait l'idée de pousser la porte vitrée et d'entrer dans le petit restaurant. La salle était minuscule - pas plus de 10 couverts, aménagés autour de tables comme à la cantine - et le décor un peu vieillot - de vieux journaux nippons en guise de papier peint, des photos de bébé, un grand kimono noir tout usé épinglé sur un des murs et des animaux fabuleux en origami tout poussiéreux dans la vitrine. Un petit monsieur vint à sa rencontre. Dans un français plus qu'approximatif, il fronça les sourcils et bougonna : "sushis ? non, plus sushis ce soir, ici fermé ! trop tard !", poussant le jeune couple vers la sortie.

Depuis
, il s'en est passé des choses : entre autres, Maître Moun a déménagé du 19e et a épousé sa geisha, mais ils n'ont pas cessé de revenir à l'occasion dans le petit restaurant de la rue Pradier et de parvenir enfin à y déguster de délicieux sushis. Pour les Moun, ce restaurant est d'ailleurs le meilleur restaurant de sushis de Paris. Non, ce n'est pas exagéré : le poisson y est extra frais, les parts plus que généreuses et la soupe miso, avec de vrais morceaux de poissons et de tofu dedans, un délice. Certes, c'est un peu plus cher qu'ailleurs pour un menu (21 euros), mais rien à voir avec les dizaines de faux restaurants japonais qui fleurissent à tous les coins de rues de la capitale depuis quelques années !

La carte du restaurant

Samedi soir, les Moun, accompagnés de Soeurette, sont passés par hasard devant le petit restaurant. Il était tôt et il n'y avait encore personne dans la boutique. L'occasion était trop belle. Tout était réservé, sauf trois places qui semblaient n'attendre qu'eux. Ils se sont installés et le chef cuistot, seul maître en cuisine (et en salle), a pris la commande. Quelques minutes plus tard, on a entendu derrière la cloison de la cuisine le battement des oeufs pour le sushi à l'omelette de Maître Moun. Régulièrement, des clients poussaient la porte du restaurant, le sourire aux lèvres, mais ils se faisaient à chaque fois rembarrer un peu sévèrement par le chef qui sortait de sa cuisine : "fini ! complet !"Après quelques dizaines de minutes, les plats sont enfin arrivés sur la table des Moun. Des sushis saumon et crevette pour Geisha Line :
Un assortiment de sashimis pour Maître Moun : Et, avec une copieuse soupe, des cônes de riz pour Soeurette :
Les autres clients du restaurant n'arrivaient pas encore. Alors le cuisinier a fait la conversation à aux Moun. C'était marrant d'observer leur tête, car aucun ne comprenait vraiment ce que le petit homme leur racontait ! Après décodage, ils en ont tout de même conclu que le chef cuistot, originaire de la région de Sendaï, avait quitté son village natal il y a quarante ans et était arrivé en France il y a trente-trois ans. L'imagination romanesque de Geisha Line a essayé de retracer la vie de cet homme qui, après plus de trente ans passés en France, parle toujours aussi mal le français. Tout en trempant ses énormes sushis dans sa sauce soja, elle se disait que ce serait là un fantastique personnage de roman...

En révélant l'adresse de ce restaurant, je vous fais une faveur. Mais chut, n'en parlez pas trop autour de vous : c'est une adresse précieuse, qu'on n'a envie de ne garder que pour soi, histoire d'être sûr de ne pas se faire refouler une prochaine fois pour cause de restaurant complet !

Ah, et pour les non-Parisiens, une maigre consolation, toute virtuelle : si vous avez envie de vous prendre vous aussi pour un chef sushi, allez donc faire un tour sur "Sushi go round" ! Quelques clics, de l'adresse et de la rapidité, et vous voilà à fabriquer des sushis à déposer sur tapis roulant pour combler des clients affamés ! Attention, il faut avoir un peu de mémoire pour retenir les recettes des sushis !


Games at Miniclip.com - Sushi Go Round
Sushi Go Round

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Sushiya
12 rue Pradier
75019 PARIS
01 42 02 85 82
Du mar au dim : 12:30-14:30 et 19:00-22:00 (arriver au + tard 1 h avant fin du service)

  • Des avis de clients sur Sushiya ici et ici

mercredi 1 octobre 2008

Le top 5

Chacun sait que je suis une pauvre petite chose fragile. Si, c'est vrai ! Mettez-vous à ma place : imaginez quel calvaire serait la vie pour vous si, comme moi, vous mesuriez 16 cm de haut (du sommet du chapeau à la pointe du pied), et si vous aviez à partager votre quotidien avec un chat obsédé par les peluches et prêt à tout pour s'en mettre une sous la dent. Je veux dire, bien sûr, un vrai chat, avec des poils (de plusieurs couleurs), des puces (peut-être), mais surtout des griffes (pointues) et des crocs (acérés). Pas comme ces chats artificiels croisés dans une boutique au Japon :

(J'ai retrouvé cette photo dans mes archives et, soit dit en passant, 400 yens le petit Maneki Neko, c'est pas bien cher ! Peut-être que si j'en avais acheté un, c'est lui qui serait devenu la cible du Ninja... Damned, une occasion manquée !)

Bref, je suis une petite chose fragile, disais-je. Mais je suis altruiste et je pense aux autres petites choses fragiles du monde entier qui, dans la terreur et l'angoisse, me lisent de l'autre côté de leur écran. Car je sais d'expérience que je ne suis pas le seul à être victime de la tyrannie du Monstre. Regardez donc cette photo montrant le piège dans lequel nous avons été embarqués il y a quelques mois, mes amis et moi. Vous reconnaissez en bas à droite l'ami Roddy, mon compatriote adoré.

Pour venir en aide à tous ces malheureux, voici donc, en exclusivité pour mes lecteurs félinophobes, un palmarès de mes meilleures méthodes de protection contre les incursions des chats dans votre sphère privée :

Top 5 des armes anti-chats
(testées et approuvées par Paddy, au prix de sa vie)

Number one : la peau de citron
Cette méthode est la plus écologique qui soit. Il vous suffit de disposer un citron épluché devant le chat. Celui-ci va aussitôt se mettre à cligner des yeux et à reculer. S'il est téméraire (comme Mina), il osera tendre une patte d'attaque, toutes griffes sorties, sur la pelure du citron. Mais ce geste amplifiera sa peur, puisque en tapant sur le citron il amplifiera les zestes acides à l'origine de sa frayeur.
Avantages : fonctionne tout aussi bien avec une peau d'orange ou de clémentine, voire de pamplemousse.
Inconvénients : vous risquez la scène de ménage lorsque votre femme, poussant le lit pour faire le ménage (mais si, ça arrive parfois), trouvera sous vos vieilles chaussettes sales votre provision de peaux de citrons complètement desséchés.

Number two : le coup du torchon
Cette méthode exige un certain doigté - une certaine poigne diront d'autres. Il s'agit de faire claquer violemment un torchon, sans pour autant toucher un poil du chat (conformément aux principes élémentaires de la Convention Internationale de Protection des Chats). Le bruit du chiffon frappé devrait effrayer votre minou. En tout cas, avec Maître Moun ça marche bien puisqu'à peine a-t-il mis la main sur le torchon que le chat se barre en courant (preuve qu'il doit y avoir du tyran chez Maître Moun...)
Avantages : parfois, par inadvertance pas du tout voulue (forcément, vous me connaissez !), votre coup de torchon peut toucher le chat et lui faire un petit bobo... Quoi ? qui a dit que ça c'était un inconvénient ????
Inconvénients : ça ne marche pas avec tout le monde. Par exemple, Geisha Line a beau faire claquer son torchon, le chat la regarde avec des yeux ahuris, l'air de dire "c'est quand que tu finis ton numéro de dresseuse de cirque pathétique".

Number three : la méthode chimique
Cette méthode suppose un petit investissement financier. Il existe dans le commerce des repousseurs de chat à base de phéromonones de synthèse censées apaiser (!!!) le félin. Il suffit de vaporiser le produit à l'endroit où la bête se rend et, normalement, celle-ci ne devrait pas revenir avant un moment.
Avantages : à vrai dire, j'en vois pas vraiment...
Inconvénients : une forte odeur jugée nauséabonde par les humains et les moutons en peluche. Essayez de dormir dans une chambre bombardée de phéromones apaisantes, vous verrez si vos narines sont apaisées ! (Qui plus est, cela ne crée pas une ambiance top romantique dans la chambre à coucher.)

Number four : l'enfermement carcéral
C'est la méthode infaillible utilisée par mes maîtres à chacun de leurs repas. Elle consiste à enfermer le chat dans une pièce séparée, puis à se mettre des boules Kiès dans les oreilles... et à profiter de la quiétude miraculeusement gagnée.
Avantages : la paix royale qui en découle ! Mes maîtres peuvent manger des sushis assis sur leur chaises japonaises (donc au ras du sol) sans risquer le moindre coup de patte. Quant à moi, je peux vaquer à mes occupations sans avoir à être toujours sur qui-vive.
Inconvénients : les bouchons dans les oreilles ne permettent pas la communication aisée entre les personnes. Mais, si vous enlevez vos protections auditives, le niveau sonore des miaulements déchirants derrière la porte risque de devenir rapidement insupportable et vous inciter à céder immanquablement à l'appel capricieux de la bête emprisonnée.

Number five : le doudou-pour-mari
Alors ça, c'est une toute nouvelle méthode, encore en phase d'expérimentation. Comme toutes les grandes découvertes scientifiques (rappelez-vous du type à la pomme), elle a été trouvée par le plus grand des hasards. L'autre week-end, ma maîtresse était de nouveau dans sa phase "je couds donc je suis". Elle s'est dit qu'elle allait fabriquer un doudou pour la Moun Dernière génération qui est née il y a une dizaine de jours. Mais quand Maître Moun a vu à quoi allait ressembler le doudou, il a décidé qu'il voulait le garder pour lui. Geisha Line a donc finalisé le doudou en l'adaptant aux désirs de Moun : il fallait que le doudou-pour-mari (= DPM) soit extra plat pour entrer aisément dans la valise lors de ses prochains déplacements professionnels à travers la France (et même le monde). Quelques coups d'aiguille plus tard, cela a donné ça :

Ce DPM est un chat noir à culotte de cheval (il a séché les cours d'abdo-fessier de Geisha Line) au regard halluciné (notez les yeux très Flower Power) et à la robe de tissu d'inspiration japonaise.

Moun a présenté son DPM à Mina et, ô miracle, celle-ci a hérissé ses poils, s'est plantée sur ses pattes arrière et a eu une violente convulsion :

Moralité : les chats sont des animaux tellement effrayants qu'ils finissent par avoir peur d'eux-mêmes !