lundi 22 décembre 2008

Kamisama

Depuis la lecture des Contes japonais, j'avais une folle envie de continuer à lire des histoires du même style. Alors j'ai demandé à Geisha Line d'aller dans sa bibliothèque préférée, en plein quartier latin, et de me ramener de quoi me mettre sous la dent. Donc attention, attendez-vous à plusieurs posts consacrés à la littérature enfantine en lien avec le Japon !

Première découverte, aussitôt mes maîtres revenus de la bibliothèque : Kamisama, La mélodie du vent, de Keisuke Kotobuki.

Est-ce un manga ou un album illustré ? Un petit peu des deux à la fois, sans qu'aucune catégorie ne puisse enfermer ce joli livre. Des bulles pour les dialogues, mais pas de cadres pour enfermer les images. Au contraire, les pleines pages entièrement couvertes par l'illustration se suivent, accordant une grande importance à l'image. L'album est tout en couleurs et c'est justement par le choix de ces couleurs qu'il séduit immédiatement : des tons pastels, proches de l'aquarelle, avec un bel effort pour traduire l'immensité du ciel, notamment grâce à des à plats d'un beau bleu.

L'album réunit trois petites histoires, ayant chacune pour héroïne une petite fille et un chat. Oui, je sais, vous allez dire "Mais Paddy, il n'aime pas les chats !" C'est vrai, les sales bêtes comme le Ninja me font généralement peur. Mais dans cet album, les chats sont tous terriblement "kawaï", tout comme d'ailleurs les personnages féminins. Dans chaque récit, le fantastique vient envahir la réalité, à tel point qu'on ne sait plus très bien ce qui est du domaine du rêve ou du réel. C'est par exemple le cas de la première histoire dans laquelle la petite Lucy entre indistinctement dans un monde étrange où les chiens parlent, les fleurs ont un goût de croquettes pour chat et les chats géants avalent les fillettes. On n'est pas très loin d'Alice au payss des merveilles, l'humour facétieux en moins. Ce brouillage rêve/réalité est parfois troublant, surtout lorsqu'il est au service de l'émotion, comme dans la dernière nouvelle, "Shimshima", qui évoque avec pudeur la maladie et la mort.

J'ai trouvé cet album très mignon, esthétiquement très soigné. Mais pour tout avouer, je déplore peut-être un certain manque d'originalité graphique. Les petites filles ressemblent comme deux gouttes d'eau à toutes les petites filles des mangas, avec leurs grands yeux brillants (et leur absence de nez). D'ailleurs, on sent l'auteur fortement influencé par les animes bien connus : dans le deuxième conte, "Le chat-pluie", l'allusion à Mon voisin Totoro et aux fillettes Satsuki et Mei qui rencontrent un chat sous la pluie est flagrante. J'ai refermé le livre avec un petit goût de "pas assez". Peut-être n'est-il pas forcément très heureux d'avoir réuni les trois histoires en un seul ouvrage : en le lisant à la suite, sans respiration entre elles, l'unité de chaque nouvelle se perd. Les héroïnes se ressemblent et on est du début à la fin dans le même univers graphique. Je pense que chaque histoire aurait eu un impact plus fort si elle avait été éditée isolément des autres. Mais certainement est-ce là un avis discutable...

Extrait de Kamisama

En tout cas, cela m'a quand même donné envie de lire le tome 2, sorti en 2007, et intitulé "Les contes de la colline". Il va falloir que je convaincs Geisha Line d'aller vite fait traîner ses bottes à la bibliothèque !

Kamisama - La mélodie du vent
Keisuke Kotobuki
Editions Ki-oon
2006

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