Tous les étrangers qui sont venus en avion en Corée ont entendu parler de Inch'on. Depuis presque une dizaine d'années, c'est là que se trouve l'aéroport de Séoul. C'est donc par cette ville portuaire, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, qu'on arrive aujourd'hui en Corée du Sud. Mais autrefois, Inch'on était une île où vivaient des tigres. Les animaux ont aujourd'hui disparu. Seul le nom s'est maintenu : "l'île aux chats". Ainsi que la misère. Ce roman de la coréenne KIM Chugmi (étiqueté "jeunesse" chez Thierry Magnier) décrit la vie des habitants d'un quartier très pauvre d'Inch'on : Kwaengiburi. En lisant les premiers chapitres, j'ai cru que l'histoire se passait dans un temps assez reculé, tant la misère de ce bidonville est terrible et ne correspondait pas à ce que j'avais pu voir de la Corée. Mais il s'agit bien d'une histoire contemporaine.
L'auteur nous invite dans le quotidien d'enfants de ce quartier pauvre : les jumelles Sukja et Sukhui, dont le père est alcoolique et la mère a quitté la maison ; le jeune Tongjun et son frère aîné, Tongsu, qui a de mauvaises fréquentations et "snife" de la colle. Les enfants sont abandonnés à eux-mêmes : cela fait longtemps que les parents ont baissé les bras et ont perdu l'espoir de s'en sortir. Le quotidien est difficile quand on a n'a pas d'argent pour se nourrir et assurer la vie de tous les jours. Tout le début du roman est vraiment difficile. Il semble que le mauvais sort s'acharne sur ces enfants et, bien souvent, je me suis questionnée : pourquoi prétendre que ce roman est pour adolescents ?
Mais au fil des pages, imperceptiblement, la situation change et, au fil de l'année (et des chapitres), l'espoir renaît. Grâce au personnage central de Pak Yongho : ce jeune homme, qui vient de perdre sa mère, rencontre les frères Tongsu et Tongjum et décident de s'occuper d'eux. Tongsu, qui était résolument contre la société toute entière, reprend foi en la vie et en lui-même : et s'il reprenait le chemin de l'école ? Dans ce foyer recomposé, les jumelles, qui traversent un moment difficile, viennent retrouver réconfort, en particulier grâce à un autre personnage adulte qui vient se greffer à la petite famille : l'institutrice Myonghui qui prend conscience du rôle qu'elle a à jouer auprès des enfants. Grâce à la solidarité, la générosité et l'entraide, la détresse paraît oubliée : il est permis d'espérer.
La narration est de facture classique. Une certaine lenteur, beaucoup de descriptions, de nombreux personnages (avec des noms compliqués pour nous !). Mais ce sont justement ces descriptions qui donnent vie au roman. Par cette petite fenêtre, on en apprend beaucoup sur la Corée : le rôle de l'école et la croyance en l'ascension sociale par le travail, les petits boulots pour s'en sortir (éplucher de l'ail en été et gratter des huîtres en hiver), mais aussi la préparation du kimchi, les repas familiaux à base de nouilles chinoises et de soupe, les fêtes traditionnelles... Les portraits des personnages sont toujours pudiques et bien souvent émouvants (en particulier la petite Sukja, timide et généreuse). Je me suis attachée à cette petite famille... et j'ai même eu envie de retrouver la Corée !
L'île aux chats
KIM Chungmi
Traduction de YANG Jung-Hee
Thierry Magnier
Juin 2008
L'auteur nous invite dans le quotidien d'enfants de ce quartier pauvre : les jumelles Sukja et Sukhui, dont le père est alcoolique et la mère a quitté la maison ; le jeune Tongjun et son frère aîné, Tongsu, qui a de mauvaises fréquentations et "snife" de la colle. Les enfants sont abandonnés à eux-mêmes : cela fait longtemps que les parents ont baissé les bras et ont perdu l'espoir de s'en sortir. Le quotidien est difficile quand on a n'a pas d'argent pour se nourrir et assurer la vie de tous les jours. Tout le début du roman est vraiment difficile. Il semble que le mauvais sort s'acharne sur ces enfants et, bien souvent, je me suis questionnée : pourquoi prétendre que ce roman est pour adolescents ?
Mais au fil des pages, imperceptiblement, la situation change et, au fil de l'année (et des chapitres), l'espoir renaît. Grâce au personnage central de Pak Yongho : ce jeune homme, qui vient de perdre sa mère, rencontre les frères Tongsu et Tongjum et décident de s'occuper d'eux. Tongsu, qui était résolument contre la société toute entière, reprend foi en la vie et en lui-même : et s'il reprenait le chemin de l'école ? Dans ce foyer recomposé, les jumelles, qui traversent un moment difficile, viennent retrouver réconfort, en particulier grâce à un autre personnage adulte qui vient se greffer à la petite famille : l'institutrice Myonghui qui prend conscience du rôle qu'elle a à jouer auprès des enfants. Grâce à la solidarité, la générosité et l'entraide, la détresse paraît oubliée : il est permis d'espérer.
La narration est de facture classique. Une certaine lenteur, beaucoup de descriptions, de nombreux personnages (avec des noms compliqués pour nous !). Mais ce sont justement ces descriptions qui donnent vie au roman. Par cette petite fenêtre, on en apprend beaucoup sur la Corée : le rôle de l'école et la croyance en l'ascension sociale par le travail, les petits boulots pour s'en sortir (éplucher de l'ail en été et gratter des huîtres en hiver), mais aussi la préparation du kimchi, les repas familiaux à base de nouilles chinoises et de soupe, les fêtes traditionnelles... Les portraits des personnages sont toujours pudiques et bien souvent émouvants (en particulier la petite Sukja, timide et généreuse). Je me suis attachée à cette petite famille... et j'ai même eu envie de retrouver la Corée !
L'île aux chats
KIM Chungmi
Traduction de YANG Jung-Hee
Thierry Magnier
Juin 2008
1 commentaire:
Merci pour ce bopn commentaire d'oeuvre ;) Et même si tu en parle très bien je dois t'avouer que le moral n'est pas là en ce moment pour lire ce genre d'aventures :)
bizz
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